Chronique du 29 mars 2011

Ainsi, les traces de Césium retrouvées dans les mousses à Saint-Pierre et Miquelon, avant le passage du nuage seraient le « bruit de fond », tel que mentionné par un représentant de l’État sur les ondes de la télé locale, des essais nucléaires passés et du stratus avarius nucleorius morpionibus de Tchernobyl. « Bruit de fond », assurément, puisqu’il aura fallu mars 2011 et l’effet « papillon » du tsunami du Japon pour en entendre l’écho.

Bref, ce « bruit de fond » est-il plus ou moins égal au gargouillis de notre Dump ? Qu’en pense l’amateur de champignons ? Ou le consommateur d’oursins ? Ou l’amateur de bigorneaux ? Le temps viendra-t-il où, sur les étals, seront indiqués, dans le cadre d’une nouvelle charte qualité, les becquerels à becqueter ?

Ce « bruit de fond » semble dans l’immédiat rassurant pour un nuage par ailleurs « invisible » et « inodore » qui, de ce fait, ne serait guère plus qu’un « bruit blanc » transparent. Nous ne sommes pas, de surcroît, à Mururoa si d’aventure un vrai « bruit de fond » fracassant venait à y être entendu par suite d’effondrement de galeries intempestives du temps où un un certain Jacquot jouait à y faire péter des bombes.

Ouf ! Lâcheras-tu, pas plus rassuré pour autant car tu auras appris dans la foulée du message brouillé qu’il fallait attendre au moins sept jours pour vérifier par retour du courrier le taux de contamination éventuel. De quoi avoir la trouille à la petite semaine, par conséquent. Quel que soit le cas de figure, tout nous dépasse, cher frérot humanoïde ; il ne nous reste plus qu’à espérer, dans la passivité de nos replis atomisés, le front bien gaulois tourné vers le ciel, qu’il ne nous tombe pas sur la calebasse.

À moins que l’on participe à la réflexion sur les errements humains, toujours couverts comme il se doit, en ces temps de maîtrise illusoire, par une expertise de haute technicité, sujette à caution quand la voix du doute est étouffée, et qui font que lorsqu’une situation devient incontrôlable, même un responsable du genre du patron de Tepco, la marmite à radionucléides, soit soudain aux abonnés absents.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
29 mars 2011