Chronique du 29 juillet 2011

Je voulais découvrir Eric Frasiak, ce qui fut chose faite en l’accompagnant à Miquelon, en compagnie du groupe de musique country Cox and Cow. Les deux étaient programmés à la salle Entre-Nous en ce mercredi 27 juillet des Déferlantes atlantiques 2011. Belle découverte assurément d’un artiste d’une grande sensibilité, généreux dans sa perception de la vie et dans le rapport aux autres, sur et hors la scène. Privilège d’entendre son attachement à Bar-Le-Duc, son point d’ancrage ; ne sommes-nous pas attachés nous-mêmes à nos propres repères ? Échanger nos perceptions enrichit l’âme. Eric aura été ravi de venir à Miquelon via Langlade. Comment ne se souviendrait-il pas de la traversée sur le Jeune France, avant d’accoster en zodiac sur des rives inconnues ? La dune l’aura enthousiasmé, comme tant d’autres visiteurs.

De beaux textes enchanteurs auront ouvert la soirée, soutenus par la sonorité de grande tenue de sa guitare Martin, au fil de mélodies finement ciselées, portées par une rythmique assurée ; tout contribuait au succès de cette première rencontre. Son dernier album était à l’honneur ; « parlons-nous » y est-il affiché, comme un fil de l’essentiel. L’humour était aussi au rendez-vous, comme dans « le tango de la jet-set ». Sans doute qu’une des plus accrocheuses était celle réservée au mode comportemental de génération en génération, quand Internet aujourd’hui modifie radicalement les rapports humains : « T’étais pas né ». Eric Frasiak achevait son set d’un seul jet entouré des musiciens de Cow and Cow dans un flot enjoué, chaleureusement applaudi.

Puis le relais était pris par l’atmosphère country dans un registre endiablé; et très vite la piste était envahie par une foule de danseurs multigénérationnelle ; le groupe y allait de sa fougue entraînante. Dans la foulée d’une prestation réussie sous chapiteau, à Saint-Pierre, les quatre musiciens de Cox and Cow emportaient les danseurs et toute la salle vibrait de joie, à l’unisson. J’aurai particulièrement été sensible à tous ces jeunes qui, bras sur les épaules, s’adonnaient à une formule originale de quadrille sur des rythmes typiquement nord-américains. Le festival confirmait ainsi sa dynamique de bonne humeur, essentielle pour le bon ressenti d’un été que l’on veut goûter au maximum. L’équilibre du son maîtrisé par le jeune Jonathan Walsh, au commandes, participait aussi de ce plaisir.

Au matin d’une nuit courte, nous étions à nouveau sur la route – on the road again – direction Langlade, porté par le souvenir d’une soirée chaleureuse, avant que les petits pingouins ne nous accompagnent, sur la navette retour, dans le brouillard qui nous léchait les côtes.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
28 juillet 2011

Site Eric Frasiak : http://www.frasiak.com/