Chronique du 7 août 2011

J’ai eu mal, comme beaucoup, à l’annonce de la destruction de 90 tonnes de produits de la mer, dans le processus de liquidation de la société SPM Seafood. Mal d’apprendre qu’il aurait sans doute été possible de faire autrement, acheteurs de stock, banque, étant au rendez-vous, aura-t-on appris sur les ondes de Saint-Pierre et Miquelon 1ère, pour gérer ce problème particulier, suite à la panne intervenue dans le système de réfrigération. Mal surtout en pensant aux efforts constamment déployés dans les négociations internationales pour obtenir des quotas. Mal en pensant aux pêcheurs et aux travailleurs de l’usine, à l’irrespect ainsi manifesté pour leur labeur. Mal en pensant à ce que représente la gestion raisonnée aujourd’hui nécessaire des stocks dans un océan menacé par les errements humains.

Oui, je crache sur la tombe de l’irrespect technocratique (une pensée pour Boris Vian).

Et je me suis interrogé une fois de plus sur la communication parfois impossible dans un microcosme comme le nôtre. Serait-ce parce que l’argent est devenu la seule valeur de référence en ayant perdu ce qui fait sens ? Sans doute est-ce l’inexprimable de ce ressenti qui aura suscité le dégoût de la part de la communauté face à une destruction jugée inacceptable.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 août 2011