Chronique du 20 septembre 2011

Les Gaulois n’avaient-ils pas peur que le ciel ne leur tombât sur la caboche ? Il est des craintes que seule l’échelle de la patience permet d’assouvir. Vendredi, un morceau non négligeable de satellite américain va retomber sur terre entre les parallèles 57 nord et 57 sud, soit un risque, si tu m’as bien suivi que nous puissions être concernés à Saint-Pierre et Miquelon. Risque infinitésimal, pourra-t-on en conclure si l’on se réfère à tous les propos rassurants qui s’enchaînent chaque fois que nous goûtons aux délices du « progrès ».

Souhaitons qu’aucun des candidats à la sénatoriale du week-end prochain n’en reçoive un éclat sur la tronche, tant est grande, à toi et moi, ô lecteur, notre mansuétude et notre largeur de point de vue. Une telle mise à plat de la politique pourrait nous laisser sans voix, ce qui serait regrettable tant, en ce domaine, le nombre de bulletins compte. La dernière élection de ce type ne s’est-elle pas jouée à une voix de différence ?

Comble d’ironie, n’ai-je pas lu sur Le Point.fr que les débris restent la propriété exclusive des Américains ? Pas question de fourguer sur E-Bay le moindre morceau. Pourrait-on se consoler en l’exhibant dans son salon comme au temps du Transpacific venu s’écorcher vif sur l’Île aux Marins ?

Et dire que nous nous mettons martel en tête depuis un certain temps pour enfouir nos déchets alors qu’une dump risque, au fil du temps spatial, de nous tomber sur la tête. Aussi te laissé-je sans vergogne devant cette perplexité en attendant que tu en écrases.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
20 septembre 2011