Chronique du 24 février 2012

Le moins qu’on puisse dire c’est que nous vivons sous haute protection. L’évacuation des déchets ammoniacaux hors Saint-Pierre du fait de la fermeture de l’usine de traitement du poisson aura enclenché des mois de palabres et de recherches pour aboutir, enfin, à une mise en bonbonnes pour envoi sur la terre patrie. Rassurez-vous bonnes gens, tout est sous contrôle ; ça gaze dans les réunions de préfecture.

Mais c’est la pêche qui ne gaze plus. A entendre récemment un expert venu en mission, entre vétusté et dangerosité dans ce qui reste et autres décalages, on serait tout bonnement à côté de la plaque. Extra, non ? Comment en sommes-nous arrivés là, malgré tout l’air déplacé d’année en année ? A entendre un tel bilan, nous voilà refroidis, frigorifiés, décomposés, réfrigérés, tout cons, gelés en ce mois de février 2012. Désormais, c’est le grand saut, sans filet (de morue) dans l’inconnu, la fuite sans gaz et la quête que l’on espère obstinée de nouveaux tuyaux (bien filetés, bien sûr).

Mais comment s’étonner quand nous avons même du mal à Saint-Pierre à faire fonctionner les pompes à merde. Quels seront les effets à moyen terme de nos décompositions organiques ? Bref, n’avons-nous pas l’impression de véritables queues de poissons dans nos lignes de conduite ?

À force de brasser du vent, ne risquons-nous pas d’être victimes à Saint-Pierre et Miquelon d’un excès de flatulences ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
24 février 2012