Marcel Azzola, Lina Bossati au Centre culturel

Quel bain de jouvence, ô lecteurs mathuriniens, emportés que nous étions, dans la salle de spectacles bondée du Centre culturel, par le duo Marcel Azzola, à l’accordéon et Lina Bossati, au piano, en ce 16 mars 2012 ! Un grand bonheur que les applaudissements tout au long de la soirée portaient comme des vagues.

Venus à Saint-Pierre et Miquelon dans le cadre de l’exposition du Musée de l’Arche consacrée à l’histoire d’un instrument dans son enracinement au cœur de l’Archipel, au temps des bals, à l’extraordinaire foisonnement musical qui aura marqué nos îles. Marcel Azzola, Lina Bossati, nous auront ravis à nous donner la chair de poule, comme en fin de première partie avec le « medley » consacré à Jacques Brel. Quelle intensité ! On imaginait le grand Jacques sur la scène ; sa voix était dans nos esprits.

C’est que ces grands artistes ont engrangé une expérience humaine et musicale à vous couper le souffle, Marcel Azzola tissant au fil de la soirée le fourmillement des rencontres de la chanson, au jazz, la musique classique, en passant par le musette, les rythmes argentins. Que de noms ! Que de célébrités avec qui il aura pu jouer ! Comme si soudain tous ces artistes défilaient sur la scène pour nous interpréter une part de leur âme.

Comment ne pas se laisser ravir par cette complicité exaltante entre les deux virtuoses ! Accordéoniste aux tonalités bouillonnantes, pianiste qui nous ravissait dans le maelström de ses mains sur les touches. Je vibre encore d’une “Rhapsody in blue” endiablée ! Cerise sur le gâteau, anecdotes, humour auront fait de cette soirée un moment inoubliable. “Valse d’adieu” de Chopin « déstructurée », comme le mentionnait le maître de cérémonie, car il n’était pas question de se séparer à ce moment-là. Ils étaient rejoints avec bonheur en deuxième partie pour quelques titres par le talentueux Steve Normandin, acteur clef du travail de mémoire sur l’accordéon pour de nouvelles impulsions. La soirée s’achevait sur tout un panel de chansons tissées avec brio par le duo dans ses propres arrangements.

“Songe d’une nuit d’été”, dans l’interprétation de Piazzolla, enchantement d’une nuit de printemps précoce, tant nous nous rendions compte que nous venions de vivre une soirée exceptionnelle.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
16 mars 2012