Assiettes garnies et comédies

J’ai assisté comme beaucoup à Saint-Pierre et Miquelon, par écran plat interposé, à la clôture des jeux olympiques ; imagine un peu, moi qui me suis moqué des sportifs du temps de mes vertes années ! Imagine all the people, ouais. Puis j’ai filé à l’anglaise, laissant mon écran à sa platitude intrinsèque – eh oui, tout ça n’est pas très cathodique -, pour une soirée « Assiettes garnies et comédies ». J’étais dans mon assiette forcément vu que j’avais suivi la victoire des Français au handball. Ça te surprend ? Moi aussi. Non pas qu’ils aient gagné vu les dithyrambes des commentateurs qui avaient choisi leur camp sur le « toit du monde » comme ils disaient ; mais pour avoir été captivé par ce tourbillon de corps virevoltant vers une balle électron libre dans un ballet cyclotronique.

Et me voilà au Poly Gone Home, vasistas impertinent sur le front de mer trop administratif, ambiance café-théâtre, accueilli par une petite troupe qui, avant de le laisser emporter par le feu virevoltant des tréteaux d’un soir, retroussait les manches pour le service en salle, bonne chère en prémices du Verbe en quelque sorte. Soirée à guichet fermé, au rythme cadencé de celles qui l’auront précédée, la formule ayant conquis immédiatement le public. Belle idée, assurément, car nous voilà prêts pour l’enchantement des esgourdes et des mirettes, dans l’enchaînement des brèves de comptoirs, de chansons comme au temps de Montmartre – Partie carrée entre les Boudin et les Bouton ou encore Prenez mes mandarines -, de comédies condensées, ici des Potins sur un Banc, là un hold-up peu ordinaire chez un banquier particulier, Pascale Derible, Bianca Chareyre, Anne-Marie Llorca, Philippe Pupier et Sylvain Leurot s’en donnant à cœur-joie. Et nous tous d’être boëttés dès les premières secondes. C’est que la petite troupe sait manier la ligne de la bonne humeur, je te le dis, en deux mouvements habilement rythmés, avec courte pause intermédiaire, le temps d’un petit dessert. Soirée alerte, toute de plaisir partagé avec des acteurs à l’aise dans cette formule au contact direct des convives ravis, portés par le fil conducteur de l’humour.

Le bouche à oreille fonctionne d’ailleurs à merveille, les supplémentaires s’enchaînant comme les petits plats avant qu’une pause de fin de mois d’août ne vienne préparer les délices renouvelés de l’automne. La joie est à l’affiche dans ce genre de soirée et flotte forcément le parfum du revenez-y. Comme un vibrant appel de mandarines…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
13 août 2012