Parution d’un Guide Nature à Saint-Pierre et Miquelon

L’on aime, dit-on, à sortir des sentiers battus. Pour autant, y a-t-on usé suffisamment les semelles ? Ne s’enferme-t-on pas dans un mode de société où l’on ne bat tout simplement plus les dits sentiers ? Tu me suis ? Non ? T’aurais-je perdu dans quelque canapé ?

Bref, comme disait Pépin, ne nous mettons pas martel en tête, voyons où nous pouvons mettre les pieds, en empruntant des sentiers battus par d’autres, histoire d’échapper à nos voies artérioscléreuses bitumées -, sans se péter toutefois une guibolle par manque d’entraînement. Un Guide Nature est paru, porté par la Maison de la Nature et de l’Environnement, pour nous faire découvrir « 15 balades à Saint-Pierre et Miquelon », Langlade et Île aux Marins inclus. « Une nouvelle étape », comme dit le Président de la Collectivité « dans le cheminement », ce qui, tu l’avoueras colle pile-poil au propos, vu qu’il s’agit de nous faire crapahuter.

Voilà donc un programme plus excitant que le déferlement des mises à pied dont l’actualité nationale nous rabat l’insouciance au quotidien, concrétisé par un petit manuel de 150 pages visant à nous faire trépigner d’impatience dans l’attente de la prochaine escapade. D’emblée, je te le dis sans vouloir te faire marcher, le résultat semble si naturel qu’on en arrive à se demander pourquoi il ne l’était pas jusqu’alors. Il en aura fallu des pionniers de la prise de conscience, depuis les premiers frémissements de l’AEPNT, n’est-il pas vrai ?

Pour le feuilleter, il t’est loisible de t’asseoir, tant les informations sont riches, les illustrations bien choisies et la mise en forme assurée, exercice n’allant jamais de soi. Un bel « outil pour l’éducation à l’environnement et le développement de l’écotourisme », à Saint-Pierre et Miquelon, n’en doutons pas. Mais touriste mis à part – sans être laissé de côté, tu l’auras compris -, qui peut prétendre tout connaître, de la Pointe du Diamant – bon, j’espère qu’à ce niveau ça marche encore -, à la « Verge d’or rugeuse » de nos sous-bois, en passant par le Durbec des sapins, le Courlis corlieu, le parking de la chapelle Sainte-Thérèse (il s’agit ici d’un point de départ vers le Cap Corbeau, à Langlade pour une extase garantie, forcément), l’Étang du Huit, l’utriculaire cornue et le Troglodyte mignon, entre autres exemples ? Eh oui, il peut nous être bigrement utile, ce guide, à nous Archipelliens, pas forcément arpenteurs émérites de sentiers, comme savent si bien l’être nos chasseurs, haletant derrière des quadrupèdes noir-blanc-et-feu en goguette, le démonte-épaule en bandoulière.

C’est qu’il concourt à nous rendre moins… – comment dirais-je ?… -, facile à mettre dans un sac à dos petit format, ou dans une poche 14×19,7 (le format de cet écrin bucolique). J’ai dit « écrin », sans ambages, car il est superbement illustré, bien documenté et qu’en le parcourant, j’ai pu mettre un nom sur nombre de choses observées au cours de mes divagations dans la forêt vierge de ma méconnaissance. Cartes, illustrations, photos, récapitulatif des espèces mentionnées, entre autres indications, ont font un débroussailleur de tant de ravissements que je te laisse in petto divaguer, ô randonneur en puissance, sur les chemins enchanteurs de tous les possibles, au cœur –  battant – d’un Archipel à même de nous surprendre et de nous transfigurer.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
23 septembre 2012

Guide nature – Découvrez 15 balades à Saint-Pierre et Miquelon, avec la Maison de la Nature et de l’Environnement – 2012 – disponible à la librairie Lecturama et auprès du Comité régional du tourisme.