Dans la lande des souvenirs

Que cherchons-nous encore à dire au bord de l’indicible ? Que c’est beau, mais encore ? La beauté nous comble-t-elle ? Celle d’un parterre de fleurs au cœur d’une ville retiendra peut-être notre attention ; microcosme de verdure en contre-poids de nos inconsciences citadines.

Pourquoi soudain des fleurs buissonnières nous émouvront-elles au cœur de la lande de nos pérégrinations ?

J’aime à me sentir fragile dans l’entrelacement des intensités impressionnistes. Condensés d’une vie en perpétuelle re-création dans le sourire de l’autre, dans la magie créatrice d’un sculpteur de temps suspendu comme un aviron entre mer et ciel pour chanter les abysses, dans la saveur de la magie culinaire du partage, dans les vibrations de pudeur retenue, dans le regard pétillant d’un jour de marché, dans la rougeur de fraises à l’étal… Comment traduire la transcendance des îles fleurs ?

Immortelles, asphodèles, roses trémières…, et vous fleurs inconnues, si tendres pourtant, je vous chante au vibrato de mes souvenirs.

J’ai résonné aux fibres de Saint-Malo, du Morbihan, d’Hoëdic, de Locmaria, Belle-Île/en-Mer, de la pointe de Toulvern, près de Baden, de la place du marché du Bono ; j’ai rejoint heureux mon état transitoire de galet rêveur sur ma rive insulaire.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
24 juin 2013