On a ouvert à nouveau “La cage aux folles”…

Ne sommes-nous pas trop souvent engoncés dans notre ordinaire ? Vient l’heure du divertissement qui déploie l’imaginaire, les zygomatiques ; place au rire. Anaïs Hébrard aura voulu relever le défi de « La cage aux folles » ; ses comédiens auront su répondre aux attentes de robes et d’effets. Les représentations se succèdent au Centre culturel de Saint-Pierre, le public est présent, apprécie, applaudit.

Rien ne peut se dérouler dans la grisaille chez le tenancier d’une boîte de travestis, surtout quand son fils lui annonce qu’il va se marier et que sa future belle-famille, très socio-rigide, vient faire connaissance avant de donner son blanc-seing pour l’heureux événement. Panique dans la maisonnée à froufrous. Quinze années de vie éloignée des normes, et patatras ! Il faut jouer la comédie à l’envers, se masculiniser, endosser les costards de la grisaille, abandonner les ondulations trop suggestives. Certes nous sommes dans un contexte qui remonte à la fin des années soixante-dix ; que de modifications comportementales depuis l’adoption du mariage pour tous !

Mais nous sommes dans une comédie où tous les traits seront poussés. Belle prouesse des acteurs que d’endosser des rôles où l’on entre résolument dans la peau de personnages qui demanderont beaucoup. La soirée connaîtra de grands moments, en particulier la scène où Albin se voit obligé de bouleverser sa façon de manger des biscottes. Philippe Pupier (Albin) et Sylvain Leurot (Georges) nous octroient un moment de grand délire où ils révèlent une grande maîtrise de leur jeu d’acteurs. Kilian Huet – le jeune Jacob – emporte l’adhésion de tous, dans sa fraîcheur et la grande palette de son talent. J’aurai eu mes coups de cœur par conséquent, en y ajoutant la scène où Madame Dieulafoi réalise qu’elle est dans « la cage aux folles ». Belle prestation de Michèle Sabarots pour une crise de nerfs réussie et désopilante.

Quoi de plus entraînant que d’achever une soirée détente au rythme de la revue finale, kaléidoscope de plaisir partagé…

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
20 mars 2014