Ancrage et aventure

Trois jours qui m’auront enchanté ; contextes, ambiances, chaque fois, des heures différentes qui m’auront transporté dans la chaleur des émotions partagées. Bubry, bar Le P’tit Mousse au Bono, Pointe de Toulvern chez l’ami Jo avec ses proches rassemblés pour son anniversaire, Au rythme des marées, pointe de Toulvern encore, huîtres, vin blanc et chansons sous un ciel printanier, Baden, pour un concert organisé par l’Amicale des Marins de Baden.

Trois jours, cinq concerts, de quoi alimenter mes rêveries de troubadour partageur quand viendra ma prochaine hibernation. A quoi servirait l’écriture sans ces vibrations humaines, variées, riches de tous les aléas de la vie, ceux qui vous sourient, ceux qui vous triturent, ceux qui vous bouleversent, ceux qui vous relancent, contre vents et marées, ciels bas et lourds comme a dit le poète, nuées de bonheur soudain, dans l’ondulation incessante de nos parcours, rythme lent ou effréné, battements du cœur qui nous dépassent, le temps ne suspendant jamais son vol ?

J’ai pris le temps, dimanche 1er juin 2014, de me laisser envahir par l’insondable, face au phare de La Vieille, à la Pointe du Raz. Ma vie est insulaire, me suis-je murmuré, par 46 degrés de latitude et 56 de longitude. Insularité à la voile gonflée des appels du large, insularité à son corps-mort soudain, bras appuyés sur la lisse, les yeux tournés vers l’inconnu. Mais la profondeur humaine, toujours, comme quête essentielle.

Ainsi va ma guitare aux couleurs de Saint-Pierre et Miquelon, ancrage et aventure entrelacés.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
2 juin 2014