« Ma famille est de Saint-Pierre et Miquelon » nous dit avec enthousiasme le garçon qui nous enregistre à l’hôtel à notre arrivée à Granville ; il a repéré l’écusson sur nos valises. Il nous apprend qu’il est le descendant d’un armateur établi autrefois sur nos îles ; la résonance est immédiate, le reste de ce rapide séjour sera à l’unisson.
Samedi 28 juin 2014 et c’est le concert en fin d’après-midi à la Médiathèque, dernier rendez-vous musical de ma tournée printanière et déjà estivale en métropole. L’auditorium affiche complet. La Médiathèque a bien fait les choses ; j’ai été agréablement surpris de repérer en ville des affiches annonçant le rendez-vous. Une première partie consacrée à la présentation d’un diaporama, des questions qui fusent, une heure d’échanges intenses. Saint-Pierre et Miquelon fait sens à Granville. Tant de liens nous unissent avec ce berceau nourricier ! Puis place aux chansons, aux visages rayonnants qui me transportent de joie. J’aurai vécu intensément ce partage de vibrations, coeur empli d’une Histoire sur l’écume de l’inconnu par nos ancêtres tournés vers la prise de risques, vers l’aventure, belle épopée des Terre-Neuvas, décision prise par beaucoup d’aller tenter sa chance sur cet Archipel lointain pour gagner sa vie ; départs sans retour sur le continent pour les uns, allers et retours pour les autres ; Saint-Pierre et Miquelon, terre de brassage avec laquelle la Normandie a tissé une fibre essentielle, portée aujourd’hui par les couleurs de notre drapeau archipellien.
C’était une première pour moi à Granville ; que le temps file, doigts sur la guitare, émotion au bord des lèvres pour l’au-revoir qui précède la chaleur des souvenirs.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
30 juin 2014