Sous la grand-voile de l’espoir

Quelle claque de bonheur ! Je suis revenu de Belle-Île, ce 2 novembre 2014, direction Quéven, dans le Morbihan, pour écouter une nouvelle fois les Gabiers d’Artimon, chorale enthousiasmante de Lorient. Autre contexte, autre lieu, une superbe salle de spectacles de 500 places, au centre culturel des Arcs, un concert au bénéfice de la lutte contre la maladie de Parkinson.

Et Bernard Dupont d’accueillir le public compact, salle comble, lui, un des fondateurs des Gabiers il y a 35 ans, victime depuis 15 ans de la terrible maladie. Un texte d’accueil, le pourquoi de notre présence à tous, la voix de la révolte contre la maladie aux facettes diverses, un message poignant de mobilisation contre la gueuse impitoyable, une force poétique debout, déployée vers l’espoir, le témoignage de la vitalité insufflée par la magie de la voix, de la musique, de la… Joie.

J’étais retourné en ouverture comme une crêpe au sucre, comme tout le public. Et les Gabiers de porter aussitôt le flambeau du bonheur partagé, âmes carguées sur la portée du rêve, chansons tissées par le fil conducteur de Jacques, membre du groupe, récit entrelacé de chansons, celui de la véritable vie du Gabier noir en quête de l’inaccessible, du rêve de l’âme sœur, de port en port, baluchon de bordés en bordés, emporté par des voiles multiples, vers des ports provisoires, de Bretagne au Nouveau Monde, en passant par l’Irlande, l’Écosse, Amsterdam, le Saint-Laurent, le Cap Horn et l’apaisement dans la rencontre improbable d’un bouge à faire valser les oripeaux. Un texte articulé de chanson en chanson avec brio, légèreté et assurance, comme si on en était à la cinquantième prestation, mise en scène inaugurée ce jour pourtant, pour la cause portée haut les cœurs et les mâtures du Verbe générateur.

Qualité du son, des lumières, joie renouvelée de la baguette enchantée de Manuela la chef de chœur, musique, visages rayonnants dans la communion des âmes, celles qui vibrent dans la réalisation du partage. Chansons de mer, chansons d’escales, humour et combats, défis dans les déferlantes de l’aventure, rêverie, voix débridées, accordéons et guitare magiques, pétillements de malice, jeux de scène virevoltants… Comment résumer un tel concert commencé à 16h00 et qui nous aura emportés à fleur de résonance sur les marches de la nuit ?

On a la force des rêves les plus fous au sortir d’un tel rendez-vous, surtout que la chorale de Guéméné et celle de Quéven venaient rejoindre les Gabiers pour un véritable feu d’artifice musical tourné vers l’Au revoir.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
2 novembre 2014

Site d’information sur la maladie de Parkinson : http://gp29.org