Conan Doyle, Au pôle nord

J’ai médité à la lecture de cette phrase :
« Quand on connaîtra tout de cette terre, le romantisme et la poésie en auront été balayés. Il n’y a rien de plus artistique que la brume ». (p.92)

J’ai ri à la suivante :
« Lu une bonne histoire à propos d’un docteur enterré dans un grand cimetière, pour qui un confrère propose l’épitaphe suivante : (…) Si vous cherchez son œuvre, regardez autour de vous. » (P.108)

Je suis entré dans une longue phosphorescence philosophique avec celle-ci :
« Devinette : avec qui se marient les enfants d’Adam et Eve ? » (p.152)

Lire le journal de bord d’un chasseur de phoques et de baleines réserve son lot de dégraissage du bulbe, tu en conviendras.

D’ailleurs ici, dans le livre dont je te cause, le chasseur de phoques et de baleines n’en est pas un – du moins, pas un professionnel -, il est médecin embarqué dans un voilier-vapeur en 1880 ; il s’appelle Conan Doyle. Eh oui, celui qui sortira de ses méninges Sherlock Holmes. Aussi simple que cela, mon cher Watson.

Son premier patient, au médecin, lui claque entre les doigts ; ça refroidit, forcément. Ça ne l’empêchera pas de harponner et de jouer du fusil. Bref, il en résulte un journal de bord qui t’emmène dans le Grand Nord et ça t’en apprend beaucoup sur l’ordinaire de ce type d’expéditions. Le livre est bien ficelé, avec des illustrations de l’auteur ou des reproductions de textes originaux. Une belle découverte, de surcroît, que cet éditeur Paulsen. Il y a du goût dans la démarche.

Quand tu arrives à la fin, tu mesures la portée de cette autre remarque : « Je déteste le bourdonnement vulgaire des hommes et aimerais retourner vers la banquise. » (p.179)

Le désarroi n’est-il pas au rendez-vous, au lendemain de tout absolu ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
23 janvier 2015

Conan Doyle, Au pôle nord – Paulsen, 2014 – ISBN : 978-2-91655-243-9