Hommage à madame Dunan

J’ai une pensée pour madame Dunan, partie en ce début d’année pour son ultime voyage dans sa cent troisième année. J’ai toujours eu beaucoup de respect pour cette dame ; elle avait la gentillesse de me dire un mot gentil dès que je la rencontrais. Nos souvenirs partaient loin en amont, du temps où elle tenait la bibliothèque du Gouvernement ; j’étais, dans ma chétivité asthmatique, un des abonnés les plus fidèles tout au long de mes années collège ; elle m’accueillait toujours avec un grand sourire ; je dévorais tout ce qui se présentait devant mes yeux en recherche perpétuelle. Madame Dunan me faisait confiance à tel point qu’elle m’aura demandé à quelques reprises de la remplacer ; cela ne pourrait se concevoir aujourd’hui dans notre société outrageusement réglementée. J’étais, me disait-elle, sérieux et je répondais donc sérieusement à cette confiance ; pas question de décevoir une telle personne. Madame Dunan était une femme cultivée, attentive.

Elle fait partie de ces lumières à l’attention des navigateurs qui auront jalonné mon cheminement insulaire. Chère madame Dunan, mes pensées vont vers vous.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
4 janvier 2015