Tiens je vais commencer par une petite concession à la philosophie, en paraphrasant Michel Onfray : toute écriture ne serait-elle pas réminiscence ? Voilà que je sors émoustillé, secoué par Héloïse, ouille ! de Jean Teulé.
Héloïse et Abélard ça doit certainement te raviver les neurones mnémoniques ? Une histoire d’amour torride et éperdu du XIIè, qui part en…, si je pouvais me permettre, à cause de toute une palanquée de tonsurés et autres inféodés à…, on se le demande.
Bref, une histoire torride du XIIè siècle revisitée à un rythme plutôt enlevé, dès les premières pages, trépidant, ajouterai-je, que même on se croirait dans un livre de cul. Ça te les coupe ? Précisément, il y a de cela dans l’intrigue, et ça fait tout basculer.
Mais – parce qu’il faut bien te rassurer -, le roman de Jean Teulé met le cap sur d’autres transcendances. Ouf ! Je marque une pause le temps de me relire. Bref, j’ai bien aimé ce balancement incessant, ce va-et-vient, entre Abélard et Héloïse… Décidément, on ne sort pas.
Cette histoire revisitée te donne à mesurer le mal qu’on peut avoir à bousculer le conformisme, quelles que soient les époques. Les « dragons de vertus », pour reprendre Georges Brassens, en prennent toujours forcément ombrage. Et ça peut te les couper, à en perdre d’ailleurs aussi la tête, si l’on actualise.
Il y a du souffle, quoi qu’il en soit, dans l’écriture et cette onde haletante ne peut que te laisser à bout de souffle sur les berges d’un tel corps à corps.
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
22 mai 2015
Jean Teulé, Héloïse, ouille ! – Julliard, 2015 – ISBN : 978-2-260-02210-7