Sous le soleil de Tatihou

Tatihou, au large du Cotentin, une île qui m’intriguait dans l’imaginaire. Me voilà invité à l’occasion d’un déplacement d’un groupe de l’Université Inter-Âges de Bayeux, 58 personnes parties à la découverte du patrimoine de ce petit joyau de la Manche, histoire, exploration du site, repas et chansons à la clef.

Et la journée nous enchanta. Traversée sous un temps pluvieux au petit matin à partir de Saint-Vaas-La Hougue, du vent qui allait forcissant, puis les nuages qui se désolidarisent, le bleu du ciel qui prend ses quartiers de noblesse, le vent, une lumière à couper le souffle du photographe le plus exigeant. L’émerveillement s’enclenchait. Le groupe s’en remettait alors à une guide de talent qui nous situait les moments forts d’un site au passé riche, témoin d’une partie d’une bataille navale terrible du temps de Louis XIV, quelques bateaux venant y agoniser sous le feu des brûlots anglais. Lazaret, centre de recherche de biologie marine, centre d’accueil pour des orphelins, de… redressement pour des jeunes au parcours difficile, patrimoine, tour Vauban aujourd’hui classée au patrimoine de l’UNESCO, deux musées, terre de jardin aux plantes déroutantes de beauté, atelier de réparation navale pour sauver nombre d’embarcations de l’oubli, doris compris… Saint-Pierre et Miquelon y étant même évoqué à son sujet.

Avec_le_public_sur_l_i_le_de_Tatihou.jpgTout le groupe se retrouvait dans le restaurant de qualité, deux grandes tables superbement dressées et, présentes pour un déplacement pédagogique, des classes de 6è venues de Granville avec leurs enseignants. Quel ne fut pas ma joie de présenter des chansons, histoire, insularité entremêlées, au groupe de l’UIA et aux jeunes qui m’enchantèrent par leur écoute, échanges chaleureux à la clef ! J’adressais un clin d’œil à Granville, dans un lien riche de sens, petits galets alors semés pour d’autres curiosités en émergence… Un jeune me situa très vite en… Amérique.

Le_bateau_de_Tatihou.jpg

Chansons d’ouverture de repas, chansons au moment du dessert, chaleur partagée entre nous tous. Tatihou m’aura transporté une fois de plus. Traverser le chenal qui nous séparait alors du continent sur un bateau à roues était soudain la cerise sur le gâteau que l’on avait tous savouré goulûment. La journée s’achevait, ciel et mer arborant la flamboyance de leurs couleurs ; un double arc-en-ciel, nous attendait sur le chemin du retour comme pour nous transporter encore.

Le vent avait soufflé à 90 kilomètres heure dans la journée, brassant la mer à nous couper le souffle, symphonie fantastique des grandes orgues entre les mains d’un Eole ivre de fougue et de joie dans les entrailles de la tour Vauban, brisants éclatants de lumière sur les murets de protection ; il faisait beau, il faisait bon. Nous étions des enfants heureux, bernaches qui soudain se déployaient pour nous captiver encore.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
6 mai 2015