Rosa Candida

Je me suis arrêté une nouvelle fois à l’Archipel des Mots, ma librairie coup de cœur dans le quartier historique Saint-Patern, à Vannes, avant de reprendre la route qui m’ouvrira le chemin de retour des pénates. Joss, la libraire, s’est rendue au festival Etonnants Voyageurs à Saint-Malo pour l’édition 2015. Elle est revenue avec une moisson de plaisir. Elle m’avait conseillé La Divine Chanson d’Abdourahman A. Waberi, aux éditions Zulma ; ce fut une belle ouverture. Elle évoque avec beaucoup d’enthousiasme l’éditeur ; et voici que m’est offert un nouveau cheminement de découvertes. Cette fois, place à l’Islande (roman traduit en français naturellement, déjà que j’ai du mal à prononcer le nom de l’auteur, une femme, Auður Ava Ólafsdóttir. Le titre, Rosa candida, aux éditions Zulma, donc.

Je te dois une précision, cher lecteur ; on peut marquer des pauses entre deux paragraphes. La suite, je ne l’avais pas écrite. Trop de bonheur en filigrane dans ce roman ? Une quête qui fleure bon la vie ? Trop doux, trop beau, me suis-je peut-être dit. Pourtant ce récit ne m’a pas paru mièvre ; j’ai même été touché par la sensibilité qui prévaut au fil des pages. Quoi qu’il en soit, ma réaction inachevée remonte au printemps.

Je me suis remis à mon clavier, au-dessus des nuages, fin juillet 2015. J’aurai entre-temps vécu des heures intenses dans des paysages moutonnés de verdure, dans le Yorshire, en Angleterre. Au gré des latitudes, je suis donc remonté plus nord que mon point d’ancrage. L’Islande aura fait partie de nos évocations avec les amis rencontrés. Et j’ai repensé au roman d’Auður Ava Ólafsdóttir . Curieux comme on ressent davantage les fibres du nord en phase avec les latitudes du voyage.

Retour à Rosa Candida par conséquent. Souvenirs de lecture. Deux êtres, lui et elle. Séparation physique. Le ressenti se fait par lui ; la clef du roman sera féminine. Deux êtres, une rencontre inopinée, pas de lendemain d’amour ; un enfant aura pourtant été engendré. Lui s’en va. Autre pays, un monastère où il sera jardinier. Tout se déroule au fil de son expérience, de ses pensées, de ses échanges par téléphone ou par courrier avec son père. Mais il faut bien assumer ses responsabilités. Elle a besoin de lui pour garder l’enfant.

Mes pensées sont allées vers ce roman, pour tenter de surmonter sans doute les effets terribles du machisme quand celui-ci se manifeste. Oui, ô lecteur qui m’accompagne dans mes doutes et mes interrogations, mes humeurs, mes fous-rires, mes joies et mes tristesses, je te le confie, ce besoin de rêverie vers un livre empreint de sensibilité, je l’ai ressenti en remettant le cap sur nos îles. En es-tu surpris ? Je te laisse à ta méditation.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
29 juillet 2015

Référence du livre traduit en français : Auður Ava Ólafsdóttir, Rosa Candida – Roman traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson – Zulma Editions 2010 – ISBN 978-2-84304-521-9 –