Cahin Cahors

On a vite fait de visiter Cahors, une petite ville pittoresque du Lot comme une presqu’île dans un méandre resserré du… Lot, forcément. Déambuler dans Cahors c’est mener ses gambettes inévitablement sur le boulevard Gambetta qui la transperce de part en part, ce qui est d’ailleurs très pratique pour s’y retrouver. D’un côté la vieille ville médiévale, aux ruelles étroites qui, je dois l’avouer, sentent ici ou là un peu la pisse (Ah ! Ces mâles en quête de coin sombre !) autour de la cathédrale Saint-Etienne du XIIè siècle, massive et dotée d’un cloître paisible ; de l’autre la tranche plus récente. J’ai été toutefois frappé par le manque de vie de la vieille ville, peu de commerces, peu de cafés terrasses, sauf si tu te replies sur… le boulevard Gambetta. (Gambetta qui est né où ça ?) On y trouve l’office du tourisme où l’on te signale que le lundi tout est pratiquement fermé. Ça tombe mal, parce que tu arrives – c’est ballot d’être touriste -… un lundi. Pour déjeuner, nos pas nous auront portés vers le Bistro de Lisa ; sympa, animé, et une cuisine très honorable – j’ai été enthousiasmé par le panna cotta en dessert – ; pour un rafraîchissement en cours d’après-midi, le café L’Interlude ; pour le dîner, (le souper comme on dit chez nous) le restaurant Lamparo dans la vieille ville, non loin des Halles. Un bon choix pour une salade de terroir copieuse ou du foie gras poêlé avec une 50 cl de Cahors maison, le tout pour un prix raisonnable. Une grande salle, un décor avec de grandes poutres au plafond, des tableaux ensoleillés aux murs, un service sympathique. Donc Cahors ne déçoit pas, surtout si tu prends le temps de marcher le long de la rive du Lot pour rejoindre le vieux pont du XIVe siècle un jour ensoleillé d’octobre avec les feuilles qui rougissent de plaisir. Rupture de lignes, palette de couleurs font partie de l’enchantement. A lui seul, le pont mérite l’appareil photo qui te nique l’épaule. L’ouvrage a connu la guerre de cent ans et a enjambé les siècles avec hardiesse. Superbe. Ma foi, ton Canon pèse moins qu’une hallebarde. Et après l’effort, le réconfort ; une petite mousse, boulevard Gambetta. Tu as tout pigé.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
19 octobre 2105