Les Gabiers… de l’Espoir

« Le voyage sera long vers Saint-Pierre et Miquelon » dit la chanson portée par les Gabiers d’Artimon que je souhaiterais entendre un jour sur nos îles. Un chœur d’hommes soutenu par deux accordéons et une guitare, les pupitres vocaux sous la houlette efficace d’une femme, Manuela Prado. Une belle famille chaleureuse qui se révèle chaque fois sur scène dans la générosité du partage.

Générosité il en était d’ailleurs question ce samedi 31 octobre dans la belle salle de concert Océanis à Ploëmeur, près de Lorient, en Bretagne, puisque les Gabiers offraient leur concert au profit de la lutte contre la mucoviscidose. Le public avait répondu nombreux à l’appel. Et la fête eut lieu. Chanter pour aider ceux que le mal étouffe ; chanter parce que d’immenses progrès auront eu lieu grâce à la mobilisation des dernières décennies ; chanter parce qu’il faut encore chercher pour soigner, accompagner mais un jour aussi… guérir, vaincre la maladie. 200 nouveaux cas chaque année quand la naissance devrait être synonyme de merveilleuse espérance de réalisation de l’être venu au monde.

Chanter comme un joyeux pied de nez à l’adversité. Et le répertoire en deux parties était là pour nous emporter sur l’océan de la joie, même si des chansons de mer – Marin de misère – évoquent aussi des épisodes cruels. La vie n’est pas qu’ondulation d’insouciance. Alors je me dis « De la musique avant toute chose ».

Assister à un concert des Gabiers d’Artimon c’est participer à une grande amplitude musicale. Être « Enfants du vent » – une composition d’Édouard Lofficial, à la guitare au sein du groupe – rédempteur par la chanson, quel bonheur ! J’ai goûté de nouvelles mélodies – que je n’avais pas encore eu l’occasion pour ma part d’entendre. J’ai une fois de plus été transporté par la magnifique chanson sur la révolte des « Sardinières » au début du XXe ; j’en ai chaque fois la chair de poule. « La poule à Colin » ? Un autre registre, plus guilleret, mais une comédie musicale condensée qui t’emporte elle aussi. Ainsi en va-t-il aussi des « Gars de Senneville », et la danse qui vous régénère. Les Gabiers nous auront proposé ainsi plusieurs titres de leur dernier album.

Ohé matelots ! Ohé les Gabiers ! Ohé l’espérance ! Ohé ces soirées qui vous requinquent ! Quelle chance de réaliser qu’à se laisser emporter par une aussi belle fougue musicale, on est tout simplement heureux pour des heures de rêve… comme si l’on allait à Liverpool. Une histoire de « Cacatois » en quelque sorte.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires
1er novembre 2015

Site des Gabiers d’Artimon : http://gabiersdartimon.free.fr/