Chronique du 21 janvier 2017

Il n’y a pas si longtemps l’érosion marine n’était guère qu’assauts intempestifs occasionnels de la mer rongeant la dune de Langlade. Érosion des buttereaux à quoi essayaient de répondre des ganivelles pour retenir le sable… Puis vint un rapport alarmant qui mettait en exergue les zones menacées, les zones inondables… Haro sur les nouvelles ! Le village de Miquelon se trouvait au cœur de la tourmente.

Aujourd’hui, la menace entre dans le quotidien ; on se concerte, on échafaude, on examine, on scrute les photos aériennes, on se gratte la calebasse… Il est des zones menacées. « On va probablement installer des repères qui vont nous permettre de mieux voir l’élévation de l’eau et la pénétration de l’eau lorsqu’il y a des tempêtes » d’annoncer dans un compte-rendu télévisé un responsable de la DTAM (ce qu’on appelait la Direction de l’Équipement) ; pendant ce temps, soyons-en assurés, la mer continuera de rouler sans arrêt ses galets. (pensée pour Jean Ferrat) 

Des coups de boutoir par gros temps, emportant des maisons que l’on croyait bien ancrées au Petit Barachois, à Langlade, sont venus bousculer nos assoupissements.

Sans se l’avouer chacun réalise que l’on se trouve désormais dans une dimension qui nous échappe vraiment et qu’un enrochement ne viendra jamais contrecarrer, si d’aventure une conjonction de facteurs vient amplifier la tendance de l’amplitude des éléments quand ils se déchaînent.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

20 janvier 2017