Chronique du 27 janvier 2017

J’aime à me pencher sur les rapports de l’IEDOM (Institut d’Émission des Départements d’Outre-mer) car ils donnent l’occasion de retenir son souffle pour comprendre ce qui se passe à Saint-Pierre et Miquelon, tout en ouvrant le vasistas des interrogations.

Aussi-je me suis-je plongé avec intérêt (à 0%) dans la note de décembre 2016 de l’IEDOM présentant la « Conjoncture économique » de l’archipel pour le 3è trimestre 2016.

« L’économie de l’archipel reste portée par la consommation des ménages » « sur un marché du travail bien orienté et en situation de quasi-plein-emploi ».

In petto et en quelques mots, le tableau est brossé. L’économie fonctionne en vase clos, assurant l’emploi, certes, mais sans finalité productive forte. Ma perplexité aura été immédiate quant à la notion de « travail bien orienté » car tout dépend bien sûr de ce que l’on sous-tend.

D’ailleurs, la suite de l’analyse incite à s’interroger ; l’activité de pêche est en baisse ; les exportations peuvent susciter de l’inquiétude : « composées en grande majorité de produits de la mer (0,3 million d’euros), les exportations s’élèvent à 0,4 million d’euros. » Certes il faut tenir compte des périodes creuses. Mais, est-il précisé : »Sur un an, le total des prises diminue ».

Le nombre de touristes aura augmenté : +7% sur le trimestre, soit en plein branlebas quand chante le soleil. Mais il serait opportun d’avoir une présentation plus fine : touristes venus via Terre-Neuve, produits clefs en main pour la journée, touristes des paquebots, nombre de nuitées à Saint-Pierre et à Miquelon… Bref, « l’augmentation du nombre de touristes étrangers » ne suffit pas pour jauger ce qui tombe dans l’escarcelle.

D’autres indicateurs pointent de grandes fragilités comme l’investissement au niveau des entreprises, qui, est-il mentionné, « reste fragile ».

Puis, j’ai repris, intrigué, l’ensemble de la note et – en-dehors de la pêche et du tourisme – n’ai pas trouvé mention d’autres champs d’activité.

Je me suis gratté enfin la cambuse à neurones à la lecture de ce passage : « les indicateurs de vulnérabilité des ménages se dégradent. Ainsi, les retraits de carte bancaire (+5) et les personnes physiques en interdiction bancaire (+1) se détériorent. » Certes. Mais les mots ne sont-ils pas un peu forts : « se dégradent », « se détériorent », pour +5 pour les cartes et +1 pour l’interdiction bancaire ?

Et je me suis tourné vers l’horizon de la gamberge, +1 dans la catégorie des explorateurs du dessous des cartes.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

27 janvier 2017