René Dagort à l’honneur au Musée de l’Arche

Il est des moments privilégiés qui ressourcent l’espoir quand tout à coup l’art prend le pas sur l’ordinaire. Fin de journée d’hiver clément, dans une nappe de brouillard que vient d’engloutir la nuit magicienne ; nous sommes au Musée de l’Arche pour le vernissage d’une exposition consacrée à monsieur René Dagort, décédé en 2009.

Je ressentais une émotion particulière pour m’être trouvé à Québec en sa compagnie en 1988, chansons pour ma part dans la besace, sous la houlette de Michel Llorca et de Jean-Claude Girardin qui avaient initié un déplacement artistique à Québec ; je découvrais alors chez René Dagort une passion insoupçonnée.

A l’initiative de Rosianne De Lizarraga, comme le rappelait son successeur à la direction du Musée-Archives, Rodrigue Girardin, appuyé d’une manière efficace par sa collaboratrice Laurianne Detcheverry, les œuvres de l’auteur mises à disposition par ses filles Françoise et Maryvonne auront été mises en valeur avec finesse. Bernard Briand, Vice-Président du Conseil territorial, rappelait le plaisir que l’on peut ressentir à mettre en exergue la passion créatrice insulaire quand soudain elle prend corps chez une personne bourrée de talent.

René Dagort aura sculpté la pierre et ouvragé le bois de main de maître, lui qui avait les dispositions pour les Arts et Métiers et qui n’aura pu donner suite à ce qui aurait sans doute été une voie toute tracée. Sa vie professionnelle aura pris… un autre tour. Mais passion quand tu nous tiens ! Rien n’entrave alors la création, portée par « l’obstination » pour reprendre une qualité indispensable en la matière soulignée par Françoise Dagort.

Je serai une nouvelle fois resté subjugué par l’œuvre accomplie avec des roches disponibles sur place, basalte et quartzite, qui ne se laissent pas tailler facilement. Le buste de Livia, femme de l’empereur romain Auguste, captive le regard par son élégance rayonnante d’immanence féminine, vie intense émanant de la pierre. Mais il est d’autres surprises qui attendent le visiteur.

Un beau témoignage par conséquent, susceptible de vivifier cette nécessité de porter la beauté et la vie. Serait-ce là un des axes clefs de notre devenir ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

13 janvier 2017

 

Exposition ouverte au public 7j/7 – du 14 janvier au 12 février 2017