Bientôt un septième CD

« Entre mourir et ne pas mourir

J’ai pris parti pour la guitare »

aura écrit Pablo Neruda dans « Testament d’automne ».

Ces mots m’auront porté sans que je m’en rende compte dès l’automne de mon adolescence. Sans le chercher je me suis trouvé guitare aux tripes dans les boîtes de nuit ; elle m’accompagnait parallèlement dans mes premiers écrits. « Des p’tits trous, des p’tits trous, j’manie pelle à pioche… » Un jour de retour sur les îles dans mes années estudiantines, Pierre Paturel, patron du Yacht Club, me propulsait sur la piste pour chanter ma première chanson « décapante ». C’était en 1972. Le maire de Saint-Pierre était présent, la salle était comble, tout le monde prenait le refrain en chœur ; à peine descendu de l’avion, j’étais sur un nuage. Puis un soir d’automne vint en 1982 où je me retrouvai avec une guitare sèche en formule trio, amorçant ma première soirée chansons au restaurant « Le Caveau », du temps de Pierrot et Jeanine Miadonnet qui auront ainsi impulsé une aventure qui m’enchante tout autant aujourd’hui.

« J’ai pris parti pour la guitare… » Et pour la chanson bien sûr, l’instrument étant particulièrement adapté à la démarche, chacune puisant dans l’autre la sève nourricière.

Pris dans la vie publique des illusions provisoires, je réalisais lors d’une soirée chansonnière que j’étais au cœur de ma vérité. Je tranchai dans le vif, j’abandonnai la représentation politique.

Puis vint le temps où les rêves se réalisent, prennent le pas sur les nécessités alimentaires. Je vaque et vogue au gré du hasard et des heures de partage intense sur les routes de France et sur mes îles l’été. Il m’arrive, l’hiver surtout, de me dire : « pourquoi faut-il chanter encore ? »

Sans attendre la réponse, j’appuie sur le chadburn.

J’ai pris parti pour la chanson. Et je proposerai prochainement au cours de ce mois de mars 2017 un nouvel album de treize chansons.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

28 février 2017