Au fil de l’enchantement avec Hélène Girardin

 

Invité au vernissage de l’exposition d’Hélène Girardin « Au fil du corset », j’avoue avoir été aiguillonné par le thème. L’exposition étant portée au musée de l’Arche par le Pôle Développement attractif, je n’allais pas, tu en conviendras à l’occasion, bouder cet adjectif. Allais-je être porté par des fantasmes de corps fuselés, de guêpières et autres froufrous affriolants ? Une interrogation prit le dessus de ces dessous : qu’est-ce qui pouvait inciter une jeune artiste à porter la passion pour le corset en ces temps où la femme est toujours confrontée à la nécessité de ses propres affirmations ? Sans doute ne fallait-il pas oublier qu’un titre est aussi un premier… fil conducteur pour une costumière talentueuse.

Exit donc l’approche figée des corsets, baleines et autres composants qui me semblaient recouper l’histoire d’un enfermement hérité de la fin du Moyen Âge contre lequel beaucoup de luttes auront été menées, sans pour autant oublier certaines étapes d’assouplissements aguichants comme au XVIIIè siècle où la liberté gagnait ses lettres de noblesse.

Modelé des tissus, étoffes chatoyantes, me voilà pris dans les rets que soulignait Balzac : « L’imagination aide au naturel de chaque détail et ne voit plus que les beautés de l’œuvre » (extrait du roman La bourse). Je te le dis, ô lecteur, j’en suis resté béat d’admiration – oui le pôle était résolument attractif -, heureux aussi car j’ai eu la chance, dans mes années désormais conjuguées au passé, d’échanger, alors dans l’émergence des projets avec une jeune passionnée par la couture… d’art évidemment. Dix ans de parcours résolu après et je prenais toute la mesure d’une artiste avec la pleine maîtrise de son art, de son esprit créatif, lancée dans une entreprise indépendante ancrée dans l’Orne, en Normandie, à Alençon précisément.

L’exposition ouverte au public jusqu’à la fin du mois de mars permet d’approcher les costumes réalisés pour le film de Patrick Viret en 2016, à Langlade. Puis l’on découvre les palettes de cette créatrice qui vont bien au-delà de la notion de corset. Hélène Girardin est par exemple sollicitée pour des commandes très diversifiées, comme des costumes historiques ou ceux de la Garde républicaine.

Le président du Conseil territorial accueillait donc la jeune artiste au sein du Musée de l’Arche, avec l’équipe de l’établissement, mentionnant au passage la volonté de médiation, pour ce type d’événements, avec les scolaires en particulier. L’exposition permettra à des jeunes d’échanger directement avec quelqu’un du pays qui aura su se lancer avec brio dans une voie semée d’embûches certes, mais exaltante. Ainsi peuvent naître de futures vocations.

Au fil du corset, donc, avec la beauté des lignes, la finesse des tissus, le doigté que l’on devine derrière chaque œuvre. Le visiteur se laissera entraîner aisément dans un imaginaire superbement mis en valeur. J’ai ressenti pour ma part l’enchantement de ce qui mue la vie en poésie.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

3 mars 2017

Site internet : http://lisbeth.book.fr