Chronique du 25 mars 2017

J’ai entendu avec un sourire amusé de la bouche d’un journaliste à propos d’une jeune en apprentissage qu’elle avait désormais l’avenir devant elle. On respire. L’avoir dans le dos ne l’aurait-elle pas condamnée à un curieux retour à l’enfance en quête du placenta perdu ? Il est clair toutefois que l’on peut souvent, à force de croire en un lendemain qui chante l’avoir dans le postérieur, dans l’antériorité de ce qui aurait pu advenir postérieurement. Il n’est guère que le has-been qui puisse prétendre, avec morgue, avoir atteint son avenir.

Il advient, il est vrai que tout peut être chamboulé, tel un passé qui plombe l’avenir.

Il suffit d’un cadeau (re)passé, d’un présent, et soudain le présent est sans avenir, comme peut le mesurer sur pièce (sans tailleur) François Fillon, aspirant à l’Elysée.

« L’avenir c’est ce qui dépasse la main tendue », disait Aragon. Si la France vous tend la main, sachez la prendre, aura dit un visiteur investi de pouvoirs ultra-marrants un jour sur nos îles. C’était hier… A présent sur l’archipel, qu’en sera-t-il demain ?

Bref, vivre au présent est comme marcher sur une planche savonneuse. Tout réside dans un équilibre instable. Et dire que l’on peut avoir de son vivant l’illusion de l’éternité.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

25 mars 2017