Chronique du 8 mars 2017

8 mars 2017, journée de la femme version archipellienne : le président du directoire de la banque CEPAC, de passage dans nos îles, refuse de recevoir les syndicats des personnels en grève depuis la veille, FO et CFDT, menés par… deux femmes. Une façon de les envoyer sur les roses ? Cette crispation dans le secteur bancaire à Saint-Pierre et Miquelon met en exergue des glissements que l’on peut retrouver dans de nombreux domaines où la perte d’autonomie, de spécificité, pour reprendre un terme il n’y a pas si longtemps à la mode, est manifeste.

Il appartiendra aux historiens de se pencher sur le comment on en est arrivé là car « c’est la faute à… » ne suffit pas pour donner l’ensemble des éclairages. Le voile du « chez nous » faussement protecteur a subi des déchirures, depuis les disparitions du Crédit Saint-Pierrais puis de la Banque des Îles, mettant progressivement à nu des réalités moins rassurantes. La machine à déperdition de marge de manœuvre était enclenchée, avec les œillères sur les yeux, les nouvelles règles l’emportant sur l’exception.

Les acteurs de terrain – à commencer par ceux qui portent les douleurs de l’incommunicabilité – étaient donc aujourd’hui dans la tourmente. La journée de la femme trimballait des relents particuliers quand on réalise qu’une grande partie du personnel est… féminin.

Aucun rapport de cause à effet, certes. Mais quelles sont ces structures à nier les souffrances au travail, dans l’obstination de la condescendance ? Quelle amélioration peut-on attendre face à l’obstination du refus de recevoir des représentants syndicaux à même d’éviter les pressions paternalistes ? (Mes pensées vont vers une scène de Germinal où ça piétine impressionné sur la moquette du dirlo qui a bonne mine)

La tension aura gagné en intensité, les entreprises locales se joignant au mécontentement, de nombreuses évolutions récemment intervenues étant particulièrement mal vécues dans le quotidien de leurs activités. Par communiqué de presse, la CACIMA (Chambre de commerce, pour résumer) invitait à la mi-journée à la mise en place d’un dialogue nécessaire, tout en soulignant que les entreprises étaient confrontées à des problèmes qui rejoignaient ceux des salariés. Les politiques n’étaient pas en reste.

En début d’après-midi on apprenait que le dialogue s’enclenchait. Il a été enfin admis qu’il fallait se voir pour se parler. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire comme piquet pour une lapalissade !

Sachant que la vie économique n’est pas l’affaire d’angelots, il est permis de s’interroger quant aux ajustements à venir alors que derrière la façade de l’assoupissement des consciences – dans l’ordinaire du quotidien – il est des réalités qui peuvent être moins réjouissantes.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

8 mars 2017