« Entraide et découverte à Madagascar » avec Lora Perrin

Un soir t’en souvient-il ? C’était au Centre culturel, salle de l’Escale du temps où l’on y produisait, dans un contexte d’écoute favorable, des concerts toujours couronnés de succès, en septembre 2005. Nous étions saisis par la musicalité, l’émotion, la richesse vocale d’Erick Manana, originaire des hauts plateaux de Tananarive à Madagascar. Des deux soirées qui se sont succédé, l’une d’entre elles m’a particulièrement frappé avec la présence magique de ceux qui, dans une filiation forte avec cette île de l’Océan indien, étaient venus de Miquelon pour assister au concert. J’en avais les larmes aux yeux par la beauté de l’émotion partagée.

J’ai en tête les présentations en français de l’artiste entre les morceaux, nous campant les situations dans un univers tout de contraste par rapport à notre environnement ; ocre et neige dans l’effervescence de l’échange ; puis les chansons en malgache…Et cette synthèse de Ballade en novembre d’Anne Vanderlove devenue Tsy Ferana par la magie de l’auteur-compositeur-interprète. Tsy Ferana qui s’est inscrite au coeur de ma sensibilité. « Aimer un jour / En toute liberté… »  Et cette autre chanson, Ny Fitiavako An’i Mama, qui me bouleverse à chaque écoute. « Pour ma mère j’ai toujours / Des vagues de tendresse… »

Ce vendredi 7 avril 2017 au Musée de l’Arche à Saint-Pierre avait lieu le vernissage d’une exposition de photographies consacrées à Madagascar suite à un projet qui s’est concrétisé, la jeune Lora Perrin ayant eu la volonté d’aller sur place « à l’issue de son cursus scolaire afin d’œuvrer en faveur de la réussite des élèves de l’établissement scolaire « AINA » tenu par les sœurs de la congrégation de Saint-Joseph de Cluny »(*) . Ayant bénéficié d’une aide la collectivité pour sa concrétisation, la jeune était invitée à fournir à son retour un compte-tendu d’une expérience qui, cinquante ans après, allait sur les pas des pêcheurs de l’archipel dans le cadre d’une aide aux techniques de pêche avec l’utilisation du doris, projet initié par le sénateur Henri Claireaux.

Madagascar, une île à la superficie identique à la France hexagonale ; plus de 24 millions d’habitants. Capitale, Antananarivo. Et une grande pauvreté… L’association Misaotra à Saint-Pierre et Miquelon, présidée par Hervé Huet, se dévoue depuis 2001 à l’aide auprès des enfants. L’école AINA aura été construite avec l’aide essentielle de l’association.

« Entraide et découverte à Madagascar ». Tel est l’intitulé d’une exposition qui donne sens à la beauté de l’humanité, quand elle se joue des frontières, quand elle se bat entre l’adversité, qu’elle se dévoue dans le respect des identités propres, quand elle est action et non pleurnicherie, quand le sourire d’un enfant fait oublier tout ce qui assomme et cherche à nous anéantir. 

J’ai été conquis par la démarche de cette jeune de l’Archipel qui aura fait une telle démarche à l’issue de sa deuxième année de Licence d’Histoire ; échanger avec elle fait du bien à l’âme tant il fait bon entendre ce désir d’être en prise directe avec le terrain pour apporter sa contribution au mieux-être des plus démunis. Quel enchantement aussi de voir le sourire de tous ces enfants qui n’ont pas besoin de tablette pour être heureux ! Face aux défis de la vie, qui est le plus démuni ?

Bernard Briand, Vice-Président du Conseil territorial aura précisé comment la Collectivité aura pu accompagner ce projet en liaison avec l’Association Misaotra. Un choix judicieux tant il est vrai qu’une telle exposition permet à chacun de percevoir le bien-fondé du dévouement des 190 parrains de l’Archipel ; 220 enfants poursuivent grâce à eux une scolarité qui, faute de cette aide, leur échapperait. Avoir un repas chaque jour, n’est-ce pas un sens premier à l’action par-delà la distance ? Quatorze classes, de la maternelle à la terminale, se sont inscrites pour une rencontre avec Lora Perrin. Une chance qu’elles ne regretteront pas. De plus, mardi 11 avril à 20h30 aura lieu une projection d’un documentaire sur l’aide humanitaire au Cambodge ; Lora sera présente et pourra dialoguer avec le public à l’issue de la projection. Une occasion à ne pas manquer.

J’avoue être ressorti avec la joie au cœur. Il est des moments de doute. Lora Perrin fait partie de ces jeunes qui donnent de l’enthousiasme. De retour à la maison, j’ai réécouté Erick Manana.

L’exposition est ouverte au public au Musée de l’Arche du 8 au 15 avril 2017. 

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

7 avril 2017

(*) Extrait de texte : rapport au Conseil Exécutif de la Collectivité territoriale du 10 mai 2016

Site de l’association MISAOTRA : http://misaotraorg.wixsite.com/misaotra/assoAuteur-compositeur-interprète cité : Erick Manana, Taniko – Editions Celia