Franco de port

Visite à Saint-Pierre et Miquelon en ce début avril 2017 du président des Clusters maritimes de France afin de rencontrer ses partenaires du tout récent cluster de nos îles. Grand port de mon enfance (eh oui, les grands travaux d’infrastructures remontent aux années… 60), hub, projet avorté à haute focalisation de valeur ajoutée, cluster aujourd’hui… Les mots se forment et se transforment, muent et mutent, clapotent sur la houle des lendemains qui tanguent vers l’horizon intemporel.

Certes, dirons-nous, se dire que si, que ce serait, qu’il faudrait, que le potentiel… (tiens, ce mot empreint de synergie n’a pas été employé) n’a rien de déplaisant à l’oreille de l’auditeur ébaubi, la mer sans arrêt roulant ses galets quoi qu’il advienne… (une pensée décalée pour Aragon)

Regardons, les yeux dessillés, ce port insupportablement vide, en-dehors de nos activités internes ordinaires : quais à fleur d’eau à la moindre grande marée, digues minées par les ans, quai en eau profonde dans un paysage repoussoir, ligneur désarmé, installations portuaires réduites, gare maritime en liquette, avenir du port de plaisance, débats sans fin sur les quais d’accueil pour des ferries qui, eux, arriveront comme prévu…

N’urge-t-il pas de se bouger le dargif franco de port, tant les discours lénifiants répétitifs sur les espoirs en latence perpétuelle à propos de notre port malade peuvent nous faire mal au bide tels les lavements intrusifs des clystères d’antan ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

11 avril 2017