Sous le signe des rameaux

S’il fait beau pendant la messe des rameaux tu sortiras l’été de ton chapeau… ou quelque chose comme ça. Les marins au sortir de la messe allaient vérifier dans quel sens ça avait soufflé ; ça leur donnait une sérieuse indication sur leurs cuites…, pardon sur la suite…

Flottait dans l’air de ce dimanche 9 avril 2017 à Saint-Pierre et Miquelon comme une sonate de printemps… Tous les promeneurs semblaient se donner la main sur le sentier du Diamant, que ça faisait comme si les oiseaux contaient fleurette aux rêveurs de chansonnettes dans l’air léger de leurs mirettes. C’est te dire. Les marcheurs fleurissaient ; sur les rives aux vagues émeraude ; sur les routes où la ville grignote la campagne ; sur les champs de mines des chaussées étiolées du centre ville ; sur la promenade imaginaire autour du barachois ; sur les quais languissants avides d’horizons…

Le lundi remettait le couvert bleu de l’indolence sur nos îles libérées de leur carcan d’hiver. L’on pouvait humer comme un parfum de… libération. Plus d’alertes orange ou jaunes à vous enserrer le gargoton. Que l’encouragement à se bercer d’illusions comme dans une campagne électorale où perlent les chaudes espérances sur la banquise des refroidissements passés.

Et de me prendre à rêver à tout un circuit piétonnier de l’ancien frigorifique à l’ancienne aérogare, couleurs chatoyantes à la clef de tous les bâtiments désenglués de leur affadissement, bancs publics pour amoureux à bécoter la lune, port de plaisance rayonnant, cafés ouverts sur le port, boîtes à musique pour le déploiement du farniente, pompes à merde fonctionnelles à évacuation opérationnelle conforme aux vœux pieux d’antan…

Une ville portuaire d’exception en quelque sorte, pour ses ouailles et autres visiteurs prêts à se laisser emporter par l’ivresse de la résurrection.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

10 avril 2017