Erik Orsenna, Géopolitique du moustique

C’est qu’on voyage avec Erik Orsenna, à la découverte du monde globalisé d’une manière inattendue : le moustique. Ça t’en bouche un coin, ô lecteur éventuellement Langladier et… bouffé par les moustiques de l’été ? Le livre d’Erik Orsenna, Géopolitique du moustique, mérite l’exploration. Ah ! Ces moustiques qui perturbent les barbecues ! Mais savais-tu qu’il existe 3546 espèces identifiées différentes de ces bestioles ? Moi non. Un moustique qui te pique, c’est un moustique qui sape le moral de celui qui gobe trop les mouches, n’est-il pas vrai ?

Véhicules vecteurs par ailleurs de tant de maux, porteurs de virus et autres agents pathogènes ! 750 000 morts par an. Qui dit mieux ? L’homme, précisons-le, ne s’en tire pas mal, 475 000 morts par an ! Les requins dix par an. Et quel Pataquès quand un surfeur plus fort que les autres défient les précautions les plus élémentaires ! La faute au requin ? Haro sur…, comme écrivait La Fontaine.

Te voilà précipité dans une exploration de la vie qui sort des sentiers battus, jusque dans la forêt tropicale de Guyane, ou au Panama, au Cambodge, en Ouganda…

Démarche de l’homme curieux qui s’appuie méthodiquement sur les scientifiques impliqués dans des recherches vitales. Une écriture fine, vive, subtile, convaincante.

Frémissement garanti au fil des pages, personne ne pouvant se sentir à l’abri de ces effets de la mondialisation, les moustiques, véhiculés de manières très diverses, se jouant des frontières. Trump et son mur paraissent alors bien dérisoires. Et comme disait Pierre Dac : « Il est plus facile d’attraper les oreillons par contagion qu’un moustique au lasso par occasion et par surprise. »

Une approche qui participe de la nécessité de nourrir une vision planétaire de la vie. Lutter contre toutes les maladies infectieuses véhiculées par ces animalcules volants, tel est par exemple la vocation d’un laboratoire haut de gamme au sein de la faculté de médecine de Montpellier, grâce à des fonds français et… européens. Une illustration de l’impérieuse nécessité d’éviter l’étroitesse des replis, n’est-il pas vrai ? Et dire qu’il faut des moustiques pour une… piqûre de rappel !

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

2 mai 2017

Erik Orsenna, Géopolitique du moustique – Fayard – mars 2017 – ISBN : 978-2-213-70134-9