Fortune… pour y parvenir…

Les difficultés qui auront émergé avec le port de Fortune en cette fin janvier 2018 sont le révélateur de deux sociétés différentes qui se côtoient. D’un côté, Saint-Pierre et Miquelon, archipel français avec les responsabilités hiérarchisées au niveau portuaire, Etat pour le port, les quais, Etat-Collectivité territoriale pour le Service des douanes, Collectivité pour l’organisation de la desserte avec l’appui de l’Etat. De l’autre, des responsabilités éclatées, le Fédéral qui se dédouane de la prise en charge… du service des douanes à Fortune, la Province qui n’a pas pour obligation de reprendre le flambeau, un port au bout d’une longue péninsule, privatisé aux mains d’une société indépendante et ce même secteur privé qui considère l’ardoise trop lourde à assumer. Social-libéralisme et libéralisme affirmé, deux visions, deux modes opératoires et des passerelles parfois difficiles à établir.

J’aurai connu plusieurs cas de mises en relation délicates dans le cadre de la Coopération régionale, les rencontres révélant souvent que les interlocuteurs en vis-à-vis n’avaient pas obligatoirement la compétence requise pour trancher les problèmes soulevés. Bonne volonté mise à défaut, organisation complexe favorisant les bottées en touche si nécessaires…, les spéculations ne pouvaient qu’être ouvertes.

Les propos récents d’une délégation de Terre-Neuve auront mis en exergue l’importance du lien ombilical entre le port de Fortune et Saint-Pierre et Miquelon pour de nombreux projets de développement, sur le plan touristique notamment, chaque partie pouvant y trouver son compte. Une bonne chose, convenons-en.

Il n’en reste pas moins que les ajustements peuvent donner l’image d’une voie aussi étroite que l’entrée elle-même du port de Fortune, sa gestion du port de Fortune étant privatisée depuis plusieurs années.

A noter qu’on n’échappe pas à des naturels transversaux. La Société du Port de Terre-Neuve obtenait déjà du Gouvernent fédéral, en 2012, 177 726 $ de subvention pour l’amélioration du bâtiment d’accueil du service douanier. A cette occasion, le Gouvernement de Terre-Neuve Labrador soulignait déjà l’importance des liens avec Saint-Pierre et Miquelon comme l’aura fait à son tour le ministre du tourisme en visite fin janvier sur l’archipel.

Sans doute est-il bon de rappeler que le prix du billet aller-retour a un surcoût lié au service de la société du port implantée à Fortune.

N’est-on pas entré dans un jeu de surenchère les dents les plus acérées cherchent à l’emporter ? Business isn’t it business ?

Qu’adviendra-t-il du dossier plus lourd de l’aménagement portuaire ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

31 janvier 2018