Le temps des sirènes

Une nouvelle sirène en cas d’alerte à Saint-Pierre en ce début du mois d’avril 2018 après des années de silence. Tout un symbole en cette période de notre histoire où par-delà les annonces et les choix effectués, le chant des sirènes dites stratégiques nous titille les feuilles.

Il s’est estompé le temps de la sirène de midi qui faisait hurler tous les jours les beagles, noirs, blancs et feu, dans leur concert effrayant de « corps » de chasse tels des loups affamés dans la froidure de la nouvelle lune.

Il est éteint le temps des réactions intempestives au moindre déclenchement de la sirène incendie, quand trop souvent les pompiers devaient se frayer un chemin au milieu de la meute des curieux aux abois.

Nous voici condamnés (à l’exception des sourds et des porteurs de casques à réduction de bruit) à l’alerte mensuelle des inquiétudes imaginées. Nous tremblerons chaque premier mercredi du mois dans un rappel de notre finitude collective possible, l’individuelle étant quant à elle assurée sans tambour ni trompette.

Mais dans la vie théâtralisée ne faut-il pas s’évertuer à tout prévoir comme en l’an 14 ? (ou 40, ou bien encore 92, si tu préfères)

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

5 avril 2018