“De la musique avant toute chose…”, disait Verlaine

Il y a quelques années, lors de l’inauguration d’un lieu dédié à la musiqueLa Butte, fermée depuis – j’avais profité de l’occasion pour rappeler l’importance de la culture à deux politiques présents. L’un d’entre eux de me répondre que peu lui importait la culture ; pour lui c’était l’économie.

Le temps a passé ; je n’ai pas vu, quant à l’économie de Saint-Pierre et Miquelon, de développement réel satisfaisant, source d’argent frais extérieur, ouvrant de nouvelles perspectives, permettant d’éviter, entre autres problématiques, la régression démographique.

Il n’est que des interactions multiples pour ouvrir le champ du possible. Il suffit de sortir de son cocon douillet pour se rendre compte qu’en France par exemple, les implications culturelles de nombreuses villes de toutes tailles contribuent largement à l’économie générale. Que de festivals, d’expositions de toutes sortes en témoignent !

Mais ces événements ne sont que l’émergence d’un travail de fond plus important qui permet de les inscrire dans la durée. La formation en ce domaine est capitale. Dans le secteur de la musique, il ne s’agit pas de ne voir en perspective que le futur instrumentiste coupant le souffle au public émerveillé. La formation sera un élément clef de sensibilisation collective ouvrant la voie d’une vie familiale enrichissante, diversifiée, à un coût abordable pour tout le monde ; elle sera aussi le ferment des futurs bénévoles qui se sentiront concernés ; sans eux rien n’est envisageable. Elle assure aussi, évidemment, le renouvellement des artistes eux-mêmes pour que les couleurs de l’archipel ne soient pas qu’une image galvaudée et faussée.

L’école de musique du Centre culturel a été de longue date un socle essentiel. En tant que père de famille, j’ai pu le vérifier, sans parler de la chance qui m’aura été ainsi donnée, en tant qu’artiste, de vivre l’effervescence multi-générationnelle.

Rien ne peut s’envisager sans une assise solide. Il faut un encadrement professionnel permettant les approches diversifiées de qualité ; il y faut des moyens et donner le temps nécessaire aux cheminements. Peut-être pourrons-nous entrevoir positivement un archipel qui soit… « d’exception. »

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

20 juin 2018