En attendant…

Visite de la ministre de la culture à Saint-Pierre et Miquelon en ce mois de septembre 2018. Du bon pour le bâti. Du « je vous ai compris » ou dans le genre pour le patrimoine. Et d’un autre poste de chargé cette fois de culture ! Le front de mer des officines est assuré des lendemains qui chantent. Un(e) chargé(e) de nous classer dans le patrimoine de l’UNESCO, nous a-t-on annoncé, rien que ça, pour préparer notre impétrance, néologisme dont tu pourras deviner la racine sans avoir besoin de t’adresser à un(e) quelconque préposé(e) pour te dévoiler la face cachée des mots lunaires.

A ce stade, je prends les devants pour préciser que, quel que soit le classement futur, je refuse d’être empaillé avec un petit bouton qui permettrait d’entendre Stella-Maris ou La belle de l’étoile, en français, anglais, finnois, japonais ou chinois, tout idiome étroitement dépendant de l’afflux touristique à la seule fin de découvrir notre curiosité archipellienne. Etant de chez moi, venant de chez moi et y retournant, comme aurait pu dire Pierre Dac, je n’aurai participé à aucune originalité susceptible de mériter un tel traitement taxidermique.

Peut-être, me diras-tu ô lecteur sagace, que grâce à tous ces classements et financements qui vont de pair, on pourra ressusciter, par le truchement des hologrammes, quelques défunts qui auraient mérités d’être empaillés, pour avoir marqué l’histoire de nos îles – du moins l’ont-ils cru -, en les plaçant judicieusement dans des pièces au décor ravalé avec soin, faisant revivre par exemple le bon temps de l’exploitation de l’homme par l’homme dans les pêcheries d’antan. On pourrait ainsi réécouter d’éminentes têtes passablement oubliées, surtout par la jeunesse Rustique (qualificatif méritant la majuscule) qui n’a pas connu l’heureuse époque des patins à deux lames.

En attendant, chante où tu peux beau merle, me dit d’un coup un geai valant son pesant de cacahuètes.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

12 septembre 2018