Septembre met les adjas
Octobre pointe déjà
Au quotidien provisoire
De notre vie transitoire
Qu’as-tu fait de ton été
Se dit mon âme hébétée
Face aux jours qui se dérobent
Quand l’automne met sa robe
De mariée des jours déchus
Androgyne sans fichu
À la cime des branchages
Qui défeuillent leurs ombrages
Souvenance de partage
Farniente au doux rivage
Sur la portée de mes rêves
À fleur de sel sur la grève
Mais culture galvaudée
Dans les discours pour baudets
Pré carré en insouciance
Fière d’elle en inconscience
Zeste amer d’indifférence
À prôner la différence
Au gré des slogans lâchés
Comme des colifichets
Le ciel bleu de transparence
Se moque de nos carences
Est-ce un junco dans la trille
De mes rêves qui pétillent
La côte de Terre-Neuve
À mes yeux épris s’abreuve
D’une Histoire aux mille épreuves
Aux rives des amours neuves
Où une vie s’inscrit-elle
Une île et quelques ailes
Vous ravissent vous emportent
Plus de fenêtre ou de porte
L’entièreté du cosmos
Le grand vol de l’albatros
Des goélands pour des oursins
Une dune pour coussin
Un grand nom qui disparaît
Aznavour est à l’arrêt
Mais la vie se poursuivra
La chanson lui survivra
Et toi de t’interroger
Dans la gamberge affligée
D’une errance en lassitude
Tournée vers la finitude
Rire d’un Je darwinien
Au sommet de moins que rien
Étrange éclair quantique
Dans l’espace galactique
Rites des rentrées d’automne
Faut-il que l’on s’en étonne
Prisonniers des jeux pipés
Dans la glu des vies fripées
Un Collomb s’extériorise
La merde est soudain de mise
Au sommet des culs serrés
Les voilà tous atterrés
Mise en scène reconduite
L’Histoire s’oublie si vite
Que de grands noms effacés
Maelström des trépassés
Problème de gouvernance
Les mêmes en alternance
Constamment renouvelés
Au miroir des appelés
L’homme a perdu ses distances
Immédiat des assurances
Au plat des billevesées
Cravatées télévisées
Se savoir manipulé
Mais plus grave jugulé
Par la peur qui te dépouille
Du fait que tu t’agenouilles
Pas de peur pour cette caste
Goulue de juteuses fastes
Droite ou gauche peu importe
Pourvu que ça vous rapporte
Petits caporaux de bandes
Quête éperdu de prébendes
Se servir bien goulûment
Au nom des grands sentiments
Qu’advient-il de ces repères
Du chemin de nos grands-pères
Valeurs venues du passé
Que l’on juge dépassées
Du moins le croit-on ainsi
Tant est forte l’inertie
Aveuglement volontaire
D’un peuple qui se terre
Partager ouvrir les bras
Réchauffer quand les frimas
Pétrifient la vie de l’autre
Se moquer des patenôtres
Pas question de condescendre
Mais au moins savoir entendre
Les voix de la multitude
Garante de plénitude
Le repli est mortifère
L’égoïsme nous enferre
Pire est la cupidité
Source de morbidité
Montagne de détritus
Au fil de nos vies têtues
À consommer avec outrance
Aveugles dans nos carences
Cri d’alerte pour la terre
Cri terrible pour la biosphère
S’enferrer dans l’inconscience
Assurés de notre science
Riront demain les insectes
De ces curieux architectes
Artisans sans rémission
De leur éradication
Henri Lafitte, octobre 2018