Carnet de pérégrinations – Vannes, au fil de trois expositions

Et de partir à la découverte d’expositions suite à la suggestion d’amis, programme d’une journée ensoleillée de novembre à Vannes. « Tout peut arriver » n’est-il pas vrai ? Surtout quand une telle réflexion philosophique recoupe le titre de l’invite visuelle au Kiosque, sur le port de Vannes en un jour de novembre ensoleillé.

Tout peut arriver comme plonger dans un univers où se fondent l’absurde, Magritte, Giorgio de Chirico, du moins dans mon ressenti, le tout dans le rapport à une démarche qui sort des sentiers que revisitent mille fois les caméras numériques d’aujourd’hui.

Regard décontenancé mais subjugué par une démarche sortant des sentiers battus. Ici pas de paysages ou de portraits sublimés par le traitement « photoshopisé » mais des saynètes mises au point patiemment et fixation par procédé argentique après disposition de personnages découpés (résultat d’une prise de vue par retardateur), sur une table de 2X2 mètres ; un peu de sable, des cordes, des pièces de meccano… Et l’imaginaire du regardant peut se débrider. A chacun sa lecture, même si un petit titre te donne une première direction, sans que tu sois obligé de la suivre.

L’auteur, Gilbert Garcin qui se sera mis à la photo à… 62 ans. Suivront alors une vingtaine d’années de travail pour un choix rigoureux de quelques centaines de clichés. Du grand art !

Autre exposition, cette fois dans un ancien hôtel particulier devenu propriété de la ville et classé, l’hôtel de Limur, bâtisse imposante avec un grand escalier au milieu qui départage les pièces aux parquets superbes. Un regard sur Vannes, résultat d’une collaboration étroite entre deux femmes venues d’horizons différents, l’une, Emma Burr, de Manchester en Angleterre, l’autre, Bettina Clasen, de Hambourg, en Allemagne. Toutes deux sont désormais domiciliées dans leur ville d’adoption. Démarche originale suite à l’exploration des lieux dans leur diversité sociale et sociétale. Puis aquarelles pour traduire le ressenti et documents vidéo réalisés après avoir interrogés de très nombreuses Vannetais pour savoir ce qu’ils retenaient principalement de leur ville. Un kaléidoscope de vécus. Une grande réussite.

Musée des Beaux-Arts enfin avec une exposition temporaire dans la grande pénombre de pierres du hall d’accueil. Insectes géants réalisés à partir d’instruments de musique soigneusement démontés, ré-assemblés dans une finalité autre avec un fond musical se déclenchant à l’approche du visiteur dans la rencontre entre la vocation initiale et l’insecte surgi de l’imaginaire. Envoûtant.

Trois lieux qui mettaient en exergue la volonté municipale de faire vivre Vannes, « ville en partage » dans sa relation étroite à l’expression artistique. Une dynamique qui ne peut que faire rêver le visiteur.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

16 novembre 2018