Impasse de l’incompréhension

Au printemps 2017 émergeait un nouvel espoir pour un pays en marche. L’Hexagone semble soudain figé à l’automne 2018 dans l’impasse de la confiance. Comment s’étonner de tomber au fil de mes marches provinciales dans une voie sans issue ?

L’intervention du premier ministre Philippe au JT de France 2, le 18 novembre 2018, n’aura pas ouvert la voie de l’ouverture. Le plateau questions-réponses ne nourrissait aucune réflexion de fond, sur les enjeux véritables, l’affectation des fonds récoltés, les difficultés croissantes ressenties au quotidien par le plus grand nombre. Le lundi 19 novembre aura été marqué par une mobilisation soutenue. Ainsi en aura-t-il été en Vendée et en Charente maritime pour ne prendre que ce vécu. Le gilet jaune était très présent à bord des véhicules particuliers et des camions retardés longuement dans leur déplacement.

J’aurai été frappé par le contraste saisissant entre une conférence le 17 novembre à Vannes pour une mobilisation forte face aux enjeux climatiques, menée par Pierre Larrouturou et la prestation pauvre en arguments, figée dans le geste et le discours de celui qui se trouve aux commandes des grandes orientations. N’avions-nous pas à l’écran l’impasse de l’incompréhension ?

Les enjeux fondamentaux ne peuvent que pâtir d’un discours qui aura avivé les crispations. Les milliers de voitures et de camions que l’on croise un jour ordinaire sur la route révèlent le décalage entre la posture gouvernementale et le quotidien des déplacements, dévoreurs de budget, incontournables dans le mode opératoire de la société d’aujourd’hui.

Face aux défis évidents de l’impact planétaire de nos sociétés, n’avons-nous pas l’impression que la charrue ait pu être mise avant les bœufs ? De quelles solutions viables pour son quotidien dispose le porteur de gilet jaune qui aujourd’hui voit rouge ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

18 novembre 2018