Les gilets de la colère

Colère des « gilets jaunes » en ce samedi 17 novembre 2018. Les chaînes d’information continue ont de quoi se remuer la menteuse. Cela ne les empêche pas d’entrecouper les échos de terrain par la publicité pour la bagnole. Je note dès le matin l’omniprésence des spots pour les dévoreuses d’énergie fossile… Est-ce qu’on avance pour la planète ?

Les réactions affluent. Il en ressort le décalage effarant entre un pouvoir politique ancré dans ses certitudes et le vécu du terrain au quotidien. L’excès de « taxes » a donné des boutons à toute une population. « C’est une révolte ? Sire, non, c’est une révolution ». Je pense soudain à l’opéra rock qui animait mon approche de 1789 du temps de mes vertes années. Ne plus avoir faim alors… Marche contre le pouvoir.

2018, circuler pour vivre ou survivre. Tout acheminer par la route, car telle aura été l’orientation sociétale, en France comme dans nos pays dits « avancés », aura conduit à des impasses. Camions, voitures individuelles, clapiers excentrés pour trouver à crécher à des prix abordables, centres-villes prohibitifs. Pas le choix pour le péquin. Et les taxes d’augmenter, les péages aussi… La vie au jour le jour de devenir un étouffoir pour beaucoup. Soudain est atteint le seuil de l’insupportable.

La mobilité se trouve perturbée sur l’ensemble du territoire. Les tensions sont vives, les incidents se multiplient. Parallèlement l’ordinaire poursuit son bonhomme de chemin. Ainsi en allait-il du marché de Vannes en cette matinée plus fraîche que tous les jours qui auront précédé. Rien n’est noir ou blanc dans les grandes perturbations.

Une révolte ? Sire, il est sans doute temps que vous bousculiez vos certitudes.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

17 novembre 2018