« La reine Elizabeth II se décrit comme « une grand-mère bien occupée » rapporte le Journal de Montréal en cette fin décembre 2018. Occasion d’un retour saisissant. Je venais tout juste de naître, elle montait sur le trône avant même que je n’accède au petit pot. Le 6 février 1952 elle commençait ses tours de chapeau. 18 après, je me souviens de l’avoir vue engoncée dans son petit carrosse dans la rue principale de Rouen. Je la voyais plutôt âgée, déjà. Pas pucelle, non, à la différence de celle que les Anglais avaient fait brûler non loin. Je me disais que le temps finirait bien par en faire une bouchée. Je me gourais. Force est obligé d’admettre, quelques décennies après, que son royaume est bel et bien encore de ce monde. Elle aura pédalé, la petite reine et sans se dégonfler. Le fils à Joseph – celui qui devait s’appeler Emmanuel comme on le dit dans les Saintes Ecritures – se sera retrouvé lui 66 fois sur la même paille, âne, bœuf et rois mages n’en pouvant plus d’être aussi figés que des santons. 14 ministres se seront succédé, la reine est toujours aussi vivante que le canard de Robert Lamoureux.
Bon, elle a donné son message de Noël devant un piano en or, aura-t-il été relevé. Faut bien que les pauvres voient la différence non ? Et puis quoi de plus normal, elle qui porte piane-piane (piano-piano), une telle longévité. ça vaut de l’or, évidemment. Plus classe en tout cas que Giscard d’Estaing (toujours vivant) avec son pauvre piano à bretelles. Lui n’est plus roi (ou président si tu préfères) mais il bénéficie toujours comme ceux qui lui ont succédé de privilèges conséquents. Quitte à jeter un regard sur les monarchies, n’oublions pas la nôtre.
Et puis Elizabeth n’était pas plus fardée qu’Emmanuel Ier lors de son discours récent de poudre aux yeux. Imagine que des Gilets jaunes aient tourné sur des ronds points dans le sens des aiguilles du Gros-Horloge (là, je te l’avoue, je pousse le bouchon) depuis son intronisation pour réclamer son départ, ils auraient fini par creuser des tranchées sans espoir d’ouverture.
C’est qu’elle est en pleine bourre, la reine… A la différence de…
Coin coin…
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
27 décembre 2018