Vers un aggiornamento ?

Il suffisait de traverser la rue pour trouver du boulot ? Emmanuel Macron traitant le peuple avec superbe l’a envoyé… dans la rue précisément. Les débordements étaient alors inéluctables tant les leçons du passé n’ont pas été tirées. Souvenons-nous de la révolte des banlieues de 2005. À cause d’une surenchère verbale en cette fin d’automne 2018, le pouvoir a mélangé casseurs, gilets dits libres et autres gilets catalogués de facto moins libres, sans suffisamment prendre en compte en temps voulu les immenses frustrations qui sous-tendent le soulèvement populaire depuis le premier jour du mouvement de protestation. Les premières réactions du gouvernement, notamment celle, télévisée, du premier ministre, révélaient cette incompréhension et partant le hiatus.

Priorité ayant été donnée au modèle néolibéral malgré la crise de 2007, avec une amplitude accentuée par rapport à d’autres pays européens dont l’Allemagne, différentes composantes sociales ont engrangé des souffrances, des rancœurs qui ne pouvaient qu’émerger le jour d’un premier déclic. Le premier gilet jaune a fait tache d’huile.

Un mal considérable est fait. Bien malin celui qui peut dire quelle sera l’issue. Il est à espérer un vrai aggiornamento à la hauteur des revendications exprimées.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

9 décembre 2018