Toucher terre ?

« Nous aurions pu éviter la loi travail, qui n’était pas nécessaire » de reconnaître dans le JDD du 27 janvier 2019 Stéphane Le Foll, ancien ministre de l’agriculture de François Hollande et porte-parole du gouvernement d’alors. Il est des prises de conscience tardives, cette loi étant révélatrice d’une trahison du Parti socialiste à l’égard des valeurs fondamentales du socialisme. « Hollande la capitulation » titrait l’hebdomadaire Marianne le 14 décembre 2012, constatant le recul du président devant la « finance » sans entraves. 

L’effet boomerang aura été terrible, le PS laminé lors du rendez-vous présidentiel qui aura vu s’opposer Emmanuel Macron et Marine Le Pen ; parti socialiste évanescent depuis et dont on se demande quelles sont ses chances de nouvelle floraison.

Face au démantèlement de la cohésion sociale à laquelle nous assistons depuis la mise en oeuvre de la politique néolibérale d’Emmanuel Macron et dont le mouvement des Gilets jaunes est un révélateur, ne sommes-nous pas emportés dans le torrent de l’incertitude, tant les repères fédérateurs sont malmenés ?

La contrition ne suffit pas. Elle peut susciter haussement d’épaules, sourire narquois, voire même colère de la part de tous ceux qui sont lésés. « Le changement c’est maintenant », promettait François Hollande. Le changement c’est pour quand ? peut-on demander deux quinquennats après. Pourquoi l’aveuglement guette-t-il ceux qui arrivent au pouvoir ? Mais quel changement ? Les mots peuvent être ambigus et générer la souffrance. 

« La grande question pour demain, c’est de combiner l’urgence écologique et l’urgence sociale », dit encore Stéphane Le Foll. Il est vrai que le blocage qui perdure depuis onze semaines maintenant peut faire oublier que nous vivons dans une biosphère durement malmenée. Ne pas avoir compris que les taxes à tout va pendant que la finance la plus débridée était adoubée par l’Elysée auront entraîné le pays dans la tourmente. Allons-nous enfin toucher terre ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

27 janvier 2019