Une lame de fond

Bien malin qui peut entrevoir une sortie de crise à court terme suite au mouvement des gilets jaunes enclenché depuis dix semaines maintenant. De l’arrogance initiale, à la surdité voulue, le président de la république est-il en train de tomber de son piédestal en rencontrant des maires qui ne mâchent pas leurs mots ?

N’assistons-nous pas en accéléré à la rencontre entre un énarque brillant, rivé à un bréviaire néo-libéral sujet à caution et la souffrance multi-forme d’un peuple qui lui crie sa colère ? Le côté bonapartiste en prend un coup sérieux dans le costume. La mobilisation est quant à elle toujours aussi impressionnante.

Que de violences auraient pu être évitées ! Mais le mal est fait et il est profond.

Peut-on s’attendre à ce que soudain la sagesse l’emporte sur les attitudes figées ? Dans un monde aux interactions complexes, il est essentiel que le dialogue permette l’émergence de synthèses salutaires.

La crise aura aussi révélée que l’organisation étatique de la Ve république a besoin d’être revue pour éviter ces clivages qui aboutissent à des impasses. Le débat démocratique, par-delà la stratégie présidentielle actuelle, est loin d’être terminé. Le cocotier européen a besoin lui aussi d’être secoué. Il est tant d’orientations qui ont un impact terrible sur le quotidien. On ne peut pas alors être surpris des replis identitaires qui masquent d’autres dangers.

Une lame de fond est venue bousculer les rives d’un Pouvoir coupé du Peuple. Respecter celui que l’on représente est un premier impératif pour que la vie politique, dans ses débats, retrouve ses lettres… républicaines.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

18 janvier 2019