Pourquoi ne pas se souvenir du printemps à l’orée de l’automne ? Vivre au présent n’est-il pas dans le bouillonnement entre l’instant de vie, la mémoire qui nous titille et la projection vers le lendemain ?
(Tu peux en profiter pour marquer une pause, aller boire un verre ou te gratter l’oreille, comme tu veux)
Je suis donc à Londres. J’aime lire dans les langues vernaculaires, ce qui fait qu’en conséquence… je ne sors jamais de chez moi. Sauf que je suis bel et bien à Londres dans le souvenir que j’évoque. Et je lis.
James Evans, Emigrants – Why the English sailed to the New World.
Un passage aura retenu – entre autres – mon attention.
Il a suffi d’un homme, Humphrey Gilbert, pour décider Elizabeth I, reine d’Angleterre, que la destinée de la nation anglaise était de s’implanter dans le Nouveau Monde, contre les autres, dont les Espagnols et les Français. L’ambassadeur de France à Londres était alors persuadé que Français et Anglais pouvaient cohabiter sans problème. On sait ce qu’il en sera advenu.
Août 1583, Sir Humphrey Gilbert mettait le pied à Terre-Neuve, dans la baie de ce qui est aujourd’hui Saint-Jean, amorçant ce qui allait devenir l’empire britannique sous le règne d’Elizabeth. Il prenait possession de cette nouvelle terre au nom de la couronne d’Angleterre. Ses trois premiers décrets auront été d’imposer la religion protestante à tous, tous devaient allégeance à la couronne, toute critique à l’encontre de la reine entraînant des poursuites, le coupable ayant les oreilles coupées. (James Evans, p. 34) Un bon esprit de cohabitation et de partage de l’inconnu.
Bord de la Tamise, un jour d’avril 2019. Des oies chassent les canards, un cygne fonce sur les oies. Obsession du territoire, terrestre, fluvial ou océanique.
Il suffit d’un cygne.
L’être humain n’est-il pas un cygne qui s’ignore ?
Henri Lafitte, Chroniques insulaires
22 avril 2019 – introduction 23 septembre 2019
James Evans, Emigrants – Why the English sailed to the New World – W&N 2019 – ISBN : 978-1-78022-103-8
