Mikhaïl Gorbatchev, Le futur du monde global

Je me souviens de la lecture en 1992 de Perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev alors à la tête de l’URSS. Sa volonté d’ouverture dans le dialogue avec Ronald Reagan, président des Etats-Unis, m’avait fait percevoir les portes de l’espoir. J’avais depuis plusieurs années pris la mesure du risque majeur d’extermination que nous avions connu en 1962 lors de la crise de Cuba, un conflit nucléaire ayant été évité de justesse. J’avais alors onze ans.

1989, le mur de Berlin tombait ! J’étais chez moi, sur mon concentré de rhyolite, je suivais l’événement en direct, la confrontation des blocs y trouvait son terme, j’étais heureux.

Aujourd’hui les tensions internationales sont à nouveau au paroxysme comme au temps de la guerre froide, armements nucléaires, militarisation du cosmos et du cyber-espace à la clef d’une folie renouvelée.

J’ai donc ouvert avec une vive curiosité le dernier ouvrage de Mikhaïl Gorbatchev, prix Nobel de la paix en 1990, intitulé : Le futur du monde global. J’y ai retrouvé une analyse qui recoupe mes propres convictions. Plutôt que de construire avec ses nouveaux partenaires dans la foulée de 1989 , l’Occident a cédé au… « triomphalisme » (p.27) et les Etats-Unis quant à eux se sont vus comme les maîtres du monde, conviction portée avec arrogance par le tenant du pouvoir américain aujourd’hui, l’insaisissable Trump et le complexe militaro-industriel qui le galvanise.

Comment réunir les conditions d’un nouvel espoir et éviter les catastrophes ? Tel est l’objet de la réflexion dans cet ouvrage. La qualité de l’auteur mérite attention et respect. « Sortir du cercle infernal », tel est le titre d’un des chapitres. La Charte de la Terre qui remonte déjà à l’an 2000 et à laquelle aura participé l’auteur est sans doute au cœur des espérances à construire pour la survie même et le devenir de l’humanité.

Penser global a écrit quant à lui le philosophe Edgar Morin. Il en pleinement question dans Le futur du monde global sous la plume de Mikhaïl Gorbatchev.

Il m’est rarement arrivé d’éprouver une fierté particulière dans notre appartenance collective à la française. Ce fut toutefois le cas lors de l’intervention en février 2003 de Dominique de Villepin aux Nations Unies s’élevant contre l’intervention en Irak . Résonna alors une voix qui donnait une autre vision de l’aventure humaine.

Dans notre monde interconnecté et interdépendant, nul ne peut s’arroger le rôle de gendarme de la planète. L’auteur met en exergue les partenariats indispensables pour éviter les conflits guerriers. Son témoignage est riche d’enseignements, d’où son importance. Il se lit d’autant plus aisément.

Mikhaïl Gorbatchev, Le futur du monde global, Flammarion, 2019, ISBN : 978-2-0815-0532-2