Il suffit d’un virus

L’émoi est à son comble, l’anxiété est de mise

L’humanité y perdra-t-elle sa chemise

De profundis pour tous pour tous morpionibus

Tout est paralysé pour un petit virus

De nous replonger dans La Peste de Camus

A de ces effets pour le moins inattendus

En Chine tout était prêt pour l’année du rat

Qu’un virus survienne et tout est mis à ras

Les avions sont au sol albatros affligés

Plus question de voler vers des ailleurs figés

Dans l’angoisse du temps cliquetis des bouliers

Qui égrènent les morts sur le moindre palier

A l’abri des couleurs la pâleur de la Chine

Refroidit les ardeurs de tous ceux qui s’échinent

A voir un monde ouvert oublieux de ces niches

Qui replient les péquins sur leurs abris postiches

Que l’on soit métropole ou petit archipel

A chacun son repli à chacun sa chapelle

Mais Vishnou Jéhovah Mahomet et Boudha

Ont le regard tourné vers d’autres nirvanas

Chaque jour de fournir son ultime décompte

Dans des bureaux feutrés l’on fait les premiers comptes

Il suffit d’un virus pour que les bourses clochent

Au son du tocsin qui scande les anicroches

Et chacun de lorgner d’un regard de méfiance

Tout celui qui ressort d’un ailleurs en latence

Les souris et les rats les poulets et les chats

Peuvent-ils vous miner dès le moindre crachat

A ce rythme affolant va-t-on perdre la tête

L’émoi étant de mise sur toute la planète

Garder la tête froide se joue des surenchères

Qui guettent les médias sur les peurs en jachère

Au diable nos sagesses, nos coutumes nos us

Sonne vite le glas de nos pieux angélus

On martèle l’émoi au son de nos chorus

Pour détraquer les chœurs il suffit d’un virus

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

1er février 2020