A l’échelle d’un temps… inconnu

L’analyse du ministre Blanquer montre à quel point il est important de décrypter la parole politique : « Le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a estimé dimanche sur France info que l’épidémie de coronavirus toucherait « « probablement » plus de la moitié de la population française. » » (Le Monde)

Trois hypothèses :

– emballement de l’épidémie avec montée rapide en puissance, saturation des hôpitaux et un nombre de morts impressionnant (ce qui est craint en France du fait de l’insouciance) ;

– barrière maximale comme en Chine avec une inconnue sur l’après ;

– lissage sur une plus longue durée pour gérer la crise en fonction des capacités hospitalières et chance de réduire les décès.

Est-ce que l’analyse du ministre ci-dessus évoquée recoupe le scénario 1 ?

Or il serait bon de réfléchir sur ce qui s’est fait en Chine, à Hong Kong, dans le port du masque par exemple.

Qu’en sera-t-il résulté ? La barrière filtrante étant imposée, le virus aura cessé à un moment donné de se transmettre. Du coup on n’est pas dans le fatalisme d’un nombre de morts qui défierait l’entendement.

Le système de santé aura été cassé ces dernières années au nom d’une logique économique folle dont on mesure aujourd’hui les ravages. Il n’y a pas de stock suffisant de masques pour les personnels de santé d’abord, pour la population ensuite. Or, pour contrer l’épidémie, il s’agit de ne plus véhiculer le virus sans le savoir. Qui peut s’imaginer à l’abri d’être le véhicule malencontreux de service ? La fourniture de masques relève de l’urgence.

Que l’on médite ces chiffres : Chine : 1 milliard 386 millions d’habitants en 2017. Ce lundi 16 mars 2020 : 16 nouveaux cas !

Le ministre de la santé Olivier Véran est clair : « L’insouciance peut tuer, restez chez vous ! » Encore faut-il être sensibilisé aux attitudes comportementales quand on sort en cas de besoin, dans les commerces ouverts par arrêté, notamment.

Il faudra que les moyens suivent pour une protection maximale de tous et couper court à la transmission du virus. Le facteur temps sur plusieurs mois, bien évidemment, permet à la recherche d’avancer pour des traitements anti-viraux adéquats et le plus tôt possible d’élaborer un vaccin pour faire face à l’avenir. Il est évident que nos impatiences sont dérisoires au regard de cet étalement dans le temps d’un combat qui se déroule à l’échelle de la planète. La mondialisation a pris un tour nouveau.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

16 mars 2020