Chapelet de quinzaines ?

Partis pour un chapelet de quinzaines ?

Bon, je m’dis comme ça, pour un peu qu’on ne se reconnaisse plus… C’est vrai ça, lourdés comme nous sommes ! Balourds que nous étions de croire que tout allait pour le mieux dans ce meilleur des mondes ! Trop candides, oui. Un virus se pointe et tout est dépeuplé, les places, les villes, les musées, les cafés, les maisons de passe, les églises, les chapelles, les isoloirs, les latrines publiques…

En 1961 on a eu le trouillomètre à zéro avec l’histoire de la Baie des cochons et la menace de la guerre nucléaire. 2020, un pangolin nous aura envoyé sa bombe. Trois milliards de sapiens consignés dans leurs cocottes-minutes à temps plein.

Notre champ de vision s’est rétréci à un kilomètre à la ronde, ce qui est tout de même mieux que de ne plus voir à cent brasses, tu me diras. Question de perspective, à vue de nez. L’essentiel c’est de ne pas l’avoir dans l’nez. Je veux parler du virus bien sûr. Comme la planète ne tourne pas rond, il faut rester dans son carré. Et tant pis si dans nos rêves agités on marche seul. « In restless dreams I walked alone » comme dans The sound of silence de Simon and Garfunkel. Tu imagines les villes où soudain ne règne plus que le silence ?

Tout ça à cause d’un virus tellement planétaire qu’il a donné un coup de balai à la pollution. Incroyable comme effet induit. « Ouvre la f’nêtre qu’on respire un peu », peut-on chanter à Paris, comme faisaient les Charlots, qui n’en étaient pas. Le confinement peut conduire à l’extase, il faut reprendre son souffle.

Car, disait Confucius, « Qui veut apprendre à bien mourir doit apprendre auparavant à bien vivre. »

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

28 mars 2020