Quand flanchent les piédestaux

Depuis l’émergence de l’épidémie en Chine, puis en Corée du Sud, il est intéressant de noter à quel point les dirigeants européens et nord-américains auront sous-estimé la menace qui s’annonçait.

Complexe de supériorité mal placée ? Dédain pour ce qui survenait au loin ? Méconnaissance ?

« Je pense que nous tous, qui ne sommes pas experts, avons sous-estimé au départ le coronavirus » aura déclaré la président de la Commission européenne.

La Chine aura révélé à quel point elle est désormais en avance dans le domaine scientifique. Il y a là du grain à moudre pour qui accepte de se remettre en question.

C’est donc avec retard et un grand décalage dans les décisions qui s’imposaient – il n’est que de penser au retard à l’allumage quand le nord de l’Italie a été atteint – que le reste de la planète affronte ce qui est désormais qualifié de pandémie.

L’addition sera lourde, à commencer par celle des pertes humaines.

Un monde est bousculé dans ses fondamentaux où la course au profit à outrance d’une économie dérégulée était le modus operandi des dirigeants, dont les nôtres.

La priorité désormais est de tirer profit de l’expérience des Chinois, d’écouter les scientifiques qui sont en avance sur le terrain pour avoir su dialoguer par-delà les frontières. C’est d’ailleurs sur ce plein investissement scientifique que pourront s’appuyer les adaptations futures car il est évident que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de l’Histoire. Le virus se joue des calendriers humains.

De cet aggiornamento incontournable, quand flanchent les piédestaux, surgira, on ne peut que l’espérer, la voie d’un immense redéploiement dans le respect de la vie et la priorité de la santé des populations.

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

18 mars 2020