Au coin de chez…

Au coin de…

Tu iras au coin. Ça, ce n’était pas bon signe.

Mais…

Au coin de chez Amestoy, à l’angle de la rue Maréchal Foch et de la rue Albert Briand… Il y avait alors un bar dans les années cinquante. C’était un lieu pour les adultes, un café, là où se trouve aujourd’hui la Mutuelle.

Au coin de chez Paturel Frères. Les élèves de 4è et 3è du Collège Saint-Christophe se retrouvaient sur le panneau de cave de ce qui est aujourd’hui la résidence pour personnes âgées Soeur Marie-Thérèse, à l’angle de la rue maître Georges Lefèvre et de la rue Boursaint. On pouvait rencontrer alors ceux de l’école publique qui remontaient la rue. Cela aura donné lieu à un épisode digne de Clochemerle de Gabriel Chevallier. Le proviseur de l’époque, en 1966, aura eu la lubie de demander à ses élèves de ne pas s’attarder avec ceux du Collège Saint-Christophe au coin sus-nommé. Rigolade chez les élèves des deux bords !

Au coin de chez Théault, au 1 de la rue des Français libres, entreprise de quincaillerie créée le 1er juillet 1920… Les hommes s’y sont retrouvés pendant des décennies pour discuter de l’air du temps. Le banc des retraités est désormais décalé, devant ce qui fut le Crédit Saint-Pierrais. On ne disait pas pour autant Au coin de chez L’Espagnol, quincaillier, ferblantier-chauffagiste, de l’autre côté de la rue. Etait-ce parce qu’il y avait le commerce L’Espagnol, au coin de chez Amestoy, histoire de ne pas s’emmêler les pinceaux ? 

Bref, les « Au coin de chez… » ne se rencontraient pas à tous les coins de rue. Au fil des ans, ce sont donc des coins de Saint-Pierre qui ne traînent plus les rues.

Avec la destruction le lundi 30 novembre 2020 du bâtiment désaffecté, le coin de chez Théault, à l’heure où la voiture a pris le pas sur les piétons, ne connaîtra plus, ni le froid de canard, ni la chaleur des rencontres quotidiennes. Au 1 de la rue des Français libres, à l’angle de la place du Général De Gaulle, rien n’aura pu résister à la pelle.

Qu’adviendra-t-il, si l’on change d’angle de vue, à nous qui sommes du coin ?

Henri Lafitte, Chroniques insulaires

30 novembre 2020